La douce pluie du nectar dans le dharma


Préface

L'enseignement du bouddhisme n’offre que deux chemins principaux: le chemin de la libération* et le chemin de la Bodhi (de la sagesse). Si l'on sort de ces deux chemins, on sort de l'enseignement du Bouddha. Le chemin de la libération consiste à dissiper les malentendus concernant la nature du vrai moi et à se détacher de son propre ego*, afin d'arriver à la libération, laquelle est accessible par la pratique qui permet d'atteindre les quatre fruits de l'école Sravakas. Ces troubles[1] doivent être dissipés pour pouvoir atteindre le premier fruit de arhat, puis aux trois fruits suivants.

Pour accéder au premier fruit de la pratique, le pratiquant doit rompre les trois nœuds* de l'attachement, à savoir les malentendus sur la nature du vrai moi, une vision confuse de l’enseignement juste, et une mauvaise interprétation de la pratique.

Le deuxième fruit consiste principalement dans le fait de diminuer l’influence des trois poisons du monde du désir. Les trois poisons sont l'avarice, la colère et l'ignorance. Lorsque ces trois poisons n'exercent qu'une influence très faible sur le pratiquant, celui-ci n'a plus que très peu de désirs.

Le troisième fruit de la pratique consiste à briser les cinq nœuds inférieurs, à savoir l'attachement au dharma présent dans le monde du désir, la colère, les malentendus sur la nature du vrai moi, la vision confuse de l'enseignement juste[2] et l'attachement aux fausses disciplines.

En d'autres termes, lorsque le pratiquant parvient à se détacher du désir, il n'éprouve plus d'attachement pour les plaisirs sensuels.

Avec le quatrième fruit de la pratique, le praticien brise les cinq nœuds supérieurs qui sont, l'attachement au dharma présent dans le monde de la forme, l’attachement au dharma présent dans le monde sans forme, l'agitation, la vanité et l'ignorance.

Le chemin de la sagesse et de l'intelligence (bodhi) tient dans le fait de pratiquer en vue d'obtenir la véritable sagesse (prajna) du monde du dharma. C'est la pratique visant à obtenir la Prajna, laquelle correspond à la deuxième et troisième routes de la transmission de l’enseignement du Bouddha. On peut distinguer trois aspects de la sagesse: la sagesse générale[3], la sagesse spécifique[4] et la sagesse des graines[5].

La sagesse générale et la sagesse spécifique sont décrites dans certains sutras, comme le « Maha Prajnaparamita », le « Sutra du Diamant » ou le « Sutra du cœur ». La sagesse des graines est évoquée dans les sutras de la troisième route, qui décrit le dharma dans sa relation avec les huit vijnanas. Ces huit vijnanas sont les principes fondamentaux de l’enseignement du dharma (ce qu’on appelle le centre de la roue du Dharma) ; mais l'enseignement du dharma, ce peut être aussi l’étude des seules vijnanas.

Dans le chemin de la libération, le premier nœud que nous devons d’abord briser, ce sont les malentendus sur le vrai moi, ce qu'on appelle également les malentendus sur le corps physique. Cela signifie que la personne ne comprend pas que son cœur et son corps dans le monde du désir ne sont pas son vrai moi. La personne ne sait pas que ce sont de pures illusions. La personne voudrait croire que le corps et le cœur du monde du désir sont durables, ou croit que l'esprit — ou conscience mentale —― est durable, éternel, et qu’il peut passer d’une vie à une autre vie, que l'esprit dans cette vie-ci est absolument identique à celui qu'il aura dans une vie future. C'est cela qu’on entend lorsqu’on parle des malentendus sur le vrai moi du monde du désir. C'est aussi ce qu'affirment les non-bouddhistes éternalistes.

La vision confuse est un autre des trois nœuds. Cela signifie que, après que la personne a brisé ses malentendus sur le vrai moi, elle a brisé en même temps le nœud de la vision confuse à propos du monde du désir, c'est-à-dire qu’elle n’a plus de doute sur ce qui est juste[6]. Elle sait fort bien qui est le vrai maître, puisqu’elle n'a aucun doute sur le fait que son enseignement est juste. Elle sera en mesure de déterminer si un enseignant qui évolue dans le monde du désir, a brisé les malentendus au sujet de son vrai « Moi », ou si ce n'est pas encore fait. Le Bouddha a dit que celui qui a atteint le niveau de Srôtâpanna (premier niveau d'arhat) peut être capable sans aucun doute d’identifier les vrais maîtres. Il n’a aucun doute, ni aucune suspicion. C’est cela que nous appelons la rupture de la vision confuse, qui permet donc de pouvoir identifier sans erreur les vrais maîtres.

Le dernier nœud, nous l'appelons « les mauvaises disciplines ou les mauvais rituels ». Dans ce monde du désir, les hérétiques ont instauré de nombreuses disciplines erronées, de faux rituels, des méthodes incorrectes. Tout ceci est né d'une mauvaise interprétation de l'enseignement bouddhiste ou d'un manque de connaissance réelle de cet enseignement. Nous entendons par « mauvaises disciplines », tout simplement l’attachement à une vision ou à une opinion erronée. Les hérétiques n'ont pas la vraie connaissance, ils ignorent ce qu'est le chemin de la libération. En conséquence, face à une situation qu'ils ne savent pas interpréter, ils adoptent leur point de vue personnel, puis instaurent des disciplines et des rituels erronés. En fait, ces méthodes n'ont rien à voir avec la vraie pratique de la libération. Un arhat Srôtâpanna a déjà les connaissances justes, et il comprend ce qui est à l'origine des disciplines pratiquées par les hérétiques et des actes interdits qu’ils accomplissent. Il s’est alors détaché de ces disciplines. Nous appelons cela « briser les mauvaises disciplines et les rituels ».

Dans le monde du désir, les gens manquent de connaissance, c’est pourquoi ils sont attachés aux trois nœuds. S’ils ont la chance de rencontre un vrai maître, celui-ci pourra leur indiquer la bonne voie. Les personnes les plus perspicaces auront alors une plus grande facilité à accéder au niveau de l'arhat Srôtâpanna, et elles ne prendront plus jamais cette conscience mentale du monde du désir (qui n’a pas de pensée) pour la véritable ainsité. Elles pourront donc dissiper définitivement leurs malentendus sur la nature du vrai moi. Le praticien qui est arrivé à dissiper ces malentendus sur la nature du vrai moi du monde du désir ; qui a également brisé la vision confuse et la mauvaise discipline, et qui subit son propre karma sur le chemin de la libération, ne sera plus jamais perturbé par ces malentendus. Il se prépare à entrer dans la communauté des saints, obtenant de la sorte le premier fruit, Srôtâpanna.

Un arhat Srôtâpanna a déjà délié les trois nœuds et est donc arrivé au premier fruit du chemin de la libération. Il doit alors étudier plus profondément encore, afin d'être en mesure de défaire d'autres liens, ceux des cinq plaisirs, de la colère et de l'ignorance (ce qu'on appelle les trois poisons). Lorsque les trois poisons n'ont presque plus d'influence sur lui, il atteint au deuxième fruit, qui est l'état de peu de plaisirs, de colère et d'ignorance. Ainsi, le praticien, à ce niveau, a peu de désirs, et ces derniers deviennent beaucoup moins nombreux et moins importants. C’est le deuxième fruit du chemin de la libération, celui que nous appelons "Sakradagamin". Nous l’appelons aussi « état de peu de désir, de colère et d’ignorance ».

Après qu’elle a atteint le deuxième fruit, la personne poursuit sa pratique afin de briser les cinq nœuds inferieurs et d’atteindre le troisième fruit du chemin de la libération. Les cinq nœuds inferieurs sont les suivants:

- Les cinq plaisirs du monde du désir : Bien que le pratiquant, avec le deuxième fruit de arhat, garde encore un peu de désirs pour les cinq plaisirs, il dissipe, avec le troisième fruit, entièrement tous ces désirs.

- La colère : elle n'apparaît plus, y compris dans les situations difficiles. Le pratiquant peut bien encore éprouver de la colère, mais celle-ci ne se manifestera pas, et ne se transformera jamais en haine ou en plainte, si bien qu'elle n'engendrera aucune conséquence karmique. C'est cela qu'on appelle rompre avec la colère.

- Les malentendus sur la nature du vrai « Moi » dans le monde de la forme : on compte dans cette croyance la fausse idée que le corps céleste[7] et la conscience mentale sont le vrai moi.

- L'attachement aux mauvaises disciplines et aux mauvais rituels : la personne est consciente que ces disciplines viennent d'un manque de compréhension du dharma. Les hérétiques prennent en effet le monde de la forme pour le nirvana, et instaurent des disciplines et des rituels dépourvus de sens. En obtenant le troisième fruit, le pratiquant a brisé tous les attachements à ces disciplines et rituels.

- La vision confuse dans le monde de la forme : en triomphant du doute, le pratiquant a acquis une vision juste de la pratique, et a dissipé toute confusion à ce sujet. Il a une claire connaissance des erreurs des hérétiques. Les hérétiques prennent le monde de la forme pour le nirvana, et la personne ayant atteint le troisième fruit du chemin, est capable de reconnaître immédiatement un hérétique. Elle est également capable de déterminer si un enseignant détient la compréhension de ce qu'est le nirvana ou non. Elle sait aussi repérer les erreurs contenues dans les explications que peut donner cet enseignant. Elle n’a pas plus de vision confuse.

Le praticien, quand il a défait les cinq nœuds, atteint au troisième fruit du chemin de la libération.

Si cette personne continue à pratiquer et à défaire ensuite un à un les cinq nœuds supérieurs, elle obtient le quatrième et dernier fruit d’arhat. Les cinq nœuds supérieurs sont :

- Le désir de rester dans le monde de la forme (qui est un monde de matière fine), c'est-à-dire le désir de garder un corps de chair, de rester dans le monde de la forme, parce que les dieux de ce monde y sont extrêmement séduisants, qu'ils possèdent une voix formidable, et qu'ils sont toujours dans un état de bonheur. Mais un grand arhat peut percevoir que ce monde de la forme n'est pas un monde durable, et il arrive donc à faire cesser sa dépendance à ce monde, son désir d'y demeurer.

- Le désir de rester dans le monde du sans forme (un monde sans matière) : un arhat, qu'il ait ou non atteint le quatrième niveau de dhyana de méditation, peut remarquer que le monde sans forme est encore un monde d'illusion. Cependant, il est conscient de la présence encore de la conscience mentale dans ce monde, même si elle est très subtile, et qu'elle fait toujours partie des dix-huit éléments.

- l'agitation et le remords : on peut éprouver encore un peu d’agitation et de remords dans le monde de la forme et dans le monde sans forme. Un arhat comprend le sens du chemin de la libération, si bien qu'il cesse totalement d'être attaché à tous les discours qui empêchent l'accès à la libération, et rompt avec l'agitation et le remords.

- la vanité: les dieux du monde de la forme et ceux du monde du sans forme croient qu'ils sont supérieurs aux êtres du monde du désir. Mais ce n'est là que de la vanité. Un arhat peut observer le processus qui forme la vanité, et y mettre un terme.

- l’ignorance: un arhat observe que le monde sans forme n'est qu'une illusion, et il comprend que les mauvaises disciplines et les rituels des hérétiques ne proviennent que de malentendus et sont l'indice d'un manque de vraie connaissance. Les gens qui n'ont pas la vraie connaissance pensent que l'état sans forme est le niveau de nirvana. C'est pour cette raison qu'il existe par milliers des compréhensions erronées à ce sujet. L'arhat quant à lui a brisé l’ignorance relative au monde sans forme.

Un grand arhat a rompu les cinq nœuds supérieurs, c'est pourquoi on l'appelle le grand arhat[8]. Celui-ci est digne d'offrandes (un grand arhat est déjà un saint dans les trois mondes, par conséquent, les dieux des trois mondes le soutiendront et lui offriront de la nourriture). On l'appelle également le « tueur des voleurs »[9], ou « celui qui respecte les règles »[10].

La pratique du chemin de la sagesse doit commencer essentiellement par des actes, des paroles et des pensées, et par l'acquisition de la connaissance des six perfections. Après avoir réalisé les six perfections, on doit pratiquer les dix mille perfections, en y ajoutant les quatre pratiques saines (四 加 行). C’est ainsi que l'on brise les malentendus sur le vrai moi. C'est ainsi également qu'on comprend que la conscience discriminante, ainsi que les vijnanas objectales, sont vides. On comprend que le centre de la roue est « Tathagatagarbha », qu’on appelle également « la huitième conscience ». C'est ensuite seulement qu'on atteint l'illumination. Lorsqu'elle rencontre ce véritable « Moi », ou Tathagatagarbha, la personne comprend que cette vijnana est présente et innée chez tous les être vivants ; en conséquence, on dit que la personne maîtrise la sagesse (prajna) générale.

L'étape suivante consiste à étudier les sutras liés à la prajna et qui aideront le pratiquant à comprendre parfaitement la prajna spécifique, à briser toutes les barrières liées à toutes sortes d'incompréhensions, et à faire naître un cœur de diamant[11].

La prochaine étape est l'étude de la sagesse des graines, c’est-à-dire l'enseignement de la troisième route, qui consiste dans une étude des sutras des vijnanas, jusqu'à maîtriser cette sagesse des graines. Tel est le chemin du bodhisattva. Puis il pratique les dix paramitas[12] et les bhumis, étape par étape, afin d'atteindre finalement la terre de Bouddha. C'est là la pratique du Mahayana, le chemin de la Bodhi et de la sagesse. Pour arriver à l’illumination, nous devons trouver d'abord la huitième vijnana : c’est la base fondamentale. Puis nous continuons à accomplir chaque étape sans en sauter aucune, toujours avec patience : c'est la façon dont on peut obtenir l'intelligence et la sagesse de bodhisattva. C'est ce qu'on nomme le chemin du bodhisattva. Dans mon livre « Mastery of School Tenets and Eloquence », il se trouve une explication détaillée concernant cette intelligence et cette sagesse. Je ne vais pas la redonner ici.

En conclusion, il n'y a que deux façons de pratiquer le bouddhisme: la première est le chemin de la libération. C'est un chemin commun aux trois véhicules. La seconde est le chemin de l'intelligence et de la sagesse, qui n'existe que dans l'école Mahayana. Il n'existe pas d'autre chemin en dehors de ces deux pratiques.

Aujourd'hui à Taïwan, cette île aux trésors, sont présents de nombreux hérétiques, les plus nombreux étant les lamaïstes, qui se présentent comme bouddhistes. Ils disent qu'ils peuvent obtenir des pilules de nectar, et qu'en mangeant ces pilules ils parviennent à progresser et à atteindre les différents fruits du bouddhisme. En réalité, ils n'ont pas connaissance du vrai nectar. Ils manipulent les gens à travers la publicité, les journaux, en déployant une propagande qui crée beaucoup de confusion chez les élèves débutants. Ils poussent ensuite ces élèves à aller acheter ces pilules de nectar et à les manger. Les élèves vont ainsi dépenser beaucoup d'argent sans même savoir que ces nectars sont, en fait, la nourriture quotidienne des dieux du monde du désir. Et ils ont beau manger de ce nectar tous les jours, ils n'avancent pas pour autant dans la pratique du bouddhisme. Ces hérétiques font ainsi beaucoup de publicité pour attirer les élèves et s'approprier également les ressources bouddhistes. Ils ont eu beaucoup d'argent (mais, de quelle nature sont leurs nectars ? Comment les ont-ils obtenus ? Avec les dieux du monde du désir? Ou simplement en utilisant l’ancienne magie chinoise pour faire pousser très rapidement des « champignons »? Je pense que l’association des magiciens de Taïwan peut apporter à cette question une réponse plus détaillée. Je ne veux pas dire aujourd’hui s’il vient ou non des dieux du monde du désir).

Le problème principal chez les gens ordinaires est de vouloir trouver un moyen rapide de progresser avec une aide matérielle, de sorte que les hérétiques peuvent profiter de cette occasion pour les tromper en utilisant des dharmas opératoires basiques.

Manger de ce nectar ne fait pas grand tort au corps. C’est seulement un gaspillage d'argent, de temps, de force et d'énergie. Les hérétiques ont beaucoup menti aux gens et ils prétendent pourtant encore qu'ils sont de vrais bouddhistes. Pis encore, ils prétendent que mon enseignement n’est pas l'enseignement du Bouddha, et le qualifie de parfaite absurdité.

Les hérétiques confondent tout, mélangent le bien et le mal, transforment le véritable enseignement du Bouddha. Aujourd'hui, la communauté bouddhiste reste très silencieuse, elle ne dit rien, ce qui est bien dommage. À regarder l'enseignement des hérétiques, on voit que cette pratique n'a pas de sens, qu'elle est basée exclusivement sur des dharmas opératoires et sur des rituels du monde du désir qui sont liés au samsara. Ils utilisent la publicité mensongère et prétendent défendre le vrai bouddhisme. La communauté bouddhiste savait bien que leur pratique n'était pas ni logique ni applicable, et qu’elle était totalement incompréhensible, ou encore qu'elle était tout à fait ignorante du dharma. Mais elle a laissé faire. Ces hérétiques en ont profité pour se développer toujours davantage, et il sera de plus en plus difficile de renverser la situation.

Aujourd'hui à Taïwan, il n'y a qu'une seule solution pour faire face à cette réalité: nous devons mettre en évidence les erreurs de ces gens, souligner l'absurdité de leur enseignement, avec une analyse détaillée de leurs mensonges, de sorte que le public sache que le vrai sens du dharma n'a rien à voir avec ces enseignements. Si tous les pratiquants arrivent à comprendre le vrai dharma, alors ils reconnaîtront aussi les erreurs du lamaïsme, et en conséquence, les méthodes lamaïstes auront de moins en moins d'influence, car elles se détruiront elles-mêmes. On parviendra ce faisant à effacer peu à peu cette mauvaise influence qu'ils exercent au sein du bouddhisme. Aujourd’hui c'est une tâche extrêmement importante, que nous devons pratiquer au sein de la communauté bouddhiste.

L'an dernier, j'ai été invité pour donner une conférence à Taoyuan, à Taiwan, et le sujet de ma conférence était lié à ce problème. Certains de mes amis ont fait une compilation de mon exposé et l'ont publiée. Cependant il y a eu quelques événements inattendus qui ont retardé la publication du livre, mais nous y sommes finalement parvenus. Je vous ai ici présenté ma préface, qui justifiait la raison de cette conférence.

Pings Xiao, adepte des préceptes de bodhisattva.

Début de l'été 2001 à Qu Xiao Xue (dans un logement bruyant)





La douce pluie du nectar[13]

Je souhaite dès à présent remercier le frère Tang et la sœur Wu qui nous ont prêté cet agréable lieu de rencontre. Je remercie également le professeur Hsu de m’avoir donné l’opportunité d'établir le lien avec le public présent. Mais par-dessus tout, je vous remercie d'être venus ici pour assurer la continuité de l'enseignement du Bouddha et encourager le dharma authentique.

Le professeur Hsu m'a donné aujourd'hui le titre de la conférence : « l’enseignement du dharma du nectar[14], suivi des questions et réponses. » J'envisageais initialement de procéder sous forme de questions-réponses, mais j'ai pensé que cette façon de faire n’était pas très sérieuse. Aussi, j'ai conçu un schéma une demi-heure avant d'arriver ici. La conférence s'appuiera sur ce schéma ; je pense que ce sera une meilleure option.

Comme le thème à discuter concerne le « nectar », il faut expliquer la « pluie du nectar » et « le nectar ». Aujourd'hui nous allons nous concentrer sur le nectar. Il y a trois types de nectars. Le premier est le nectar de ce monde, le second est le nectar du culte et le troisième est le nectar du dharma. Ce dernier n'est pas matériel. La façon dont on vous explique le nectar dans le lamaïsme tibétain (le lamaïsme tantrique) n'est pas très importante, on la traitera donc un peu plus tard.

Commençons par parler du nectar de ce monde. Il existe deux types de nectars dans ce monde, et ils sont comestibles : le premier est le nectar destiné aux humains et le second est le nectar destiné aux dieux du monde du désir[15].

Le nectar destiné aux êtres humains se compose principalement d'aliments et d’herbes. Ces aliments sont mélangés avec un peu de beurre au lait de vache et/ou de chèvre, et accompagnés d'herbes raffinées en poudre. C’est comestible dans la plupart des cas. Dans le lamaïsme tibétain ce genre de nectar est parfois mélangé à d’autres aliments incroyables. Pourquoi les appelle-t-on des aliments incroyables? Simplement parce que vous n’arriverez jamais à imaginer de quoi il s'agit. Ces suppléments sont appelés dans le lamaïsme tibétain le grand et le petit arômes. Le grand et le petit arômes sont respectivement les matières fécales et l'urine du gourou tibétain. C’est parce que vous ne l'auriez jamais deviné, qu’on les appelle « incroyables », et non pas parce qu'ils sont subtils.

Ces idées de grand arôme et de petit arôme sont mentionnées dans les écrits de Tsongkhapa[16]. Les critères établis par ce dernier concernant l'utilisation des arômes, étaient beaucoup plus stricts que ceux d'autres branches du lamaïsme que la sienne. Tsongkhapa écrivait ceci: « Si vous voulez être un gourou, vos selles et votre urine doivent sentir bon. » C’est pour cette raison qu’on les appelle petit arôme et grand arôme.

Si les résidus du gourou sentent mauvais, vous ne devriez pas prendre cet homme pour gourou. C’est la condition requise par la tradition du bonnet jaune, qui se fonde sur l'enseignement suprême de Tsongkhapa. Le yogi C.M. Chen, dans le troisième volume de son écrit The Complete Works of Qugong Lent, mentionne également le nectar tibétain en expliquant le processus de raffinage du nectar qui produit de petits comprimés, auxquels on ajoute parfois du grand ou du petit arôme.

Dans le livre « Lamdré (Path and Fruit) » de l’école de Sakyapa (une école du lamaïsme tibétain), il est écrit que le grand arôme est mélangé avec du miel. « Une fois qu'une personne est à jeun, elle doit manger un peu de nourriture et récupérer ensuite ses propres excréments. Elle doit alors les étaler sur une table en pierre pour les faire sécher au vent. Les excréments sont mélangés avec du miel, du beurre et un peu d'eau, puis séchés sur un petit feu. La personne récupère finalement quelques boules qui ont la forme et la taille des excréments de moutons. Les boules sont ensuite conservées au sec pendant un certain temps. Elles doivent être consommées à l'aurore.

Il y a deux façons de les consommer [...] Telle personne doit suivre cette pratique pendant un an, et atteint ses objectifs, ceux d'être à jeun et que ses tendons et ses veines soient moins saillants sur ses muscles. Cette personne aura alors avancé dans sa pratique. Ces nectars permettent d'atteindre le cœur de bodhi et de réaliser le nectar suprême[17]. » (Lamdré, p. 368).

J'ai quelques boules de nectar tibétaines. Je les ai apportées avec moi pour vous les montrer. Vous constaterez que je ne suis pas un menteur. Elles sont dans ce petit sac en plastique, certaines portent des fleurs rouges et d'autres présentent quelques petites taches noires. C’est un lama qui s’appelle Zhen Ba qui me les a données au Népal, alors que je faisais un pèlerinage en Inde. Ce lama me disait que si je me sentais mal ou que j’attrapais froid, ces boules pouvaient me guérir ; il m'a dit qu'il les avait fabriquées lui-même, et il m'a donné également dix boules rouges. Les dix boules rouge foncé étaient les plus belles et les plus rondes qu'il possédait. Aujourd’hui, j’ai amené trois de ces boules avec moi, les plus belles. [Maître Xiao montre les boules à l'auditoire] Tous ceux qui sont au fond de la salle ne parviendront peut-être pas à les voir. Il m'a dit qu’elles ont été confectionnées par le dalaï-lama. C'est pourquoi je vous les ai ramenées. Je les laisserai ici tout à l'heure ; après la conférence, vous pourrez venir les voir. Il est inutile de les mettre dans un lieu saint devant le Bouddha, parce que leur contenu est douteux. Je vais donc les mettre ici, devant le brûleur d'encens.

De plus, ce lama m'a donné ces boules en les enveloppant dans de la soie. Il les a préparées lui-même, et, d’après lui, elles ont reçu la bénédiction du Bouddha. Cela remonte à 1989, alors que je n'avais pas encore atteint l'illumination. Il m’a dit : « Ces boules sont faites pour être mangées dans l'obscurité, dans un lieu secret, à l'abri des regards. »

On peut apparemment, selon lui, après avoir mangé ces boules, progresser considérablement dans la pratique du bouddhisme.

Avant de venir ici j'ai dit à un ami : « Heureusement, je n’en ai pas mangé une seule, sans quoi les lamaïstes tibétains auraient pu dire que c’est grâce aux boules de nectar tibétaines que le maître Xiao a pu atteindre son niveau de pratique aujourd’hui ». Tout en m’écoutant, vous pouvez venir regarder ces boules. J’apporte toujours les preuves de ce dont je parle. Ces boules ne sont composées que d’aliments simples : du lait, des herbes, avec en plus, pour les gens qui sont encore dans l'ignorance, le grand arôme et/ou le petit arôme. C’est ainsi qu’est constitué le nectar destiné aux humains.

Le nectar est la nourriture quotidienne des dieux du monde du désir. Ceci n'a rien d'extraordinaire. C'est comme lorsqu'on veut obtenir la quintessence du lait : on extrait la crème du lait, puis on en fait du beurre, et enfin on débarrasse le beurre de ses impuretés pour obtenir du beurre clarifié ou ghee. Ce ghee est d'un goût absolument délicieux. De même, le nectar des dieux du monde du désir est le meilleur aliment pour les dieux du monde du désir. Pour les dieux, le nectar est un aliment de base. C'est là encore un dharma opératoire du monde du désir. Pourquoi dit-on que c'est un dharma du monde du désir et un dharma opératoire ? Je vais vous expliquer en détail ce qu'est le nectar dans le monde du désir, si bien qu'ensuite vous ne pourrez plus être abusés par des hérétiques.

Dans la ville de Nankan[18] à Taoyuan, on m'a rapporté qu'il existe un grand « bouddha » vivant dont le nom est Xiraogendeng. Ses disciples et lui réalisent une revue mensuelle et ont publié plusieurs livres. Il insiste sans cesse sur sa capacité d'obtenir du nectar du Bouddha ou des bodhisattvas et affirme que son progrès dans la pratique du bouddhisme est très avancé. Mais en vérité, il ne connaît pas la vraie nature du nectar. Ses disciples et lui ne comprennent pas l'essence de nectar, parce que le Bouddha et les bodhisattvas ne vont jamais nous proposer un dharma pour obtenir le nectar du monde du désir. Même si vous leur demandiez du nectar, le Bouddha et les bodhisattvas ne vous en donneraient pas.

Le nectar du maître Xiraogendeng et de ses disciples sont des dons des dieux du monde du désir. Le maître Xiraogendeng et ses disciples font croire que leur nectar provient de Bouddha et des bodhisattvas.

Mais ces derniers savent que ce nectar est un dharma opératoire qui nous empêche de sortir du cycle de réincarnation, et que ce dharma est un aliment de base et qu'il est le plus bas dharma de tous les mondes. Pourquoi le Bouddha et les bodhisattvas devraient-ils nous enseigner qu’il faut nous nourrir de cet aliment basique pour avancer dans notre pratique? C’est illogique, bien entendu. Alors pourquoi ne le comprennent-ils pas ?

Le Bouddha sait très bien que le nectar est le nectar du monde du désir. Il ne demanderait donc jamais aux disciples de le consommer, ni de mettre en pratique des méthodes visant à obtenir le nectar, ni même leur dire que le fait d'obtenir le nectar aide à avancer dans la pratique du dharma, ou que le manger fait avancer sur la voie du dharma. Il sait très bien en effet, que le nectar est une nourriture basique pour ces dieux du monde du désir. Alors, certaines personnes vont me demander : « Vous, comment expliquez-vous que le nectar provienne du monde du désir ? » Je dois vous expliquer que la façon dont on obtient le nectar n’a pas d’importance. Est-ce que le nectar est comestible ? La réponse est : « Oui, assurément ». Est-ce que le nectar peut dégager une odeur ? La réponse est également : « Oui ». Lorsque vous le mangez, sentez-vous son goût ou pas ? La réponse est encore : « Oui ». Le goût du nectar est doux et agréable, comme celui d’autres aliments. Le nectar est un aliment, il possède des couleurs et une odeur, on peut le toucher, il a un goût, et quand on le mâche, cela s’entend. Le nectar active donc les cinq premières vijnanas objectales. Or, si vous avez ces cinq premières vijnanas, c'est que vous avez aussi la sixième, qui est le dharma. Cela implique donc que vous disposez des six capteurs de perception, qui forment ensuite les six vijnanas consciences. Cela correspond aux dix-huit éléments du dharma. Lorsque les dix-huit éléments sont réunis, on est dans le monde du désir. La consommation de nectar sollicite l'usage de ces dix-huit éléments ; par conséquent, le nectar provient bien du monde du désir.

Pourquoi, quand un monde comporte ces dix-huit éléments, s'agit-il forcément du dharma du monde du désir ? Parce que le monde de la forme a six éléments de moins à sa disposition[19]. Les dieux du monde de la forme n'ont pas besoin de nourriture physique, or le nectar est une nourriture physique. Les dieux de la forme se nourrissent de la satisfaction obtenue par la méditation dhyana, c’est-à-dire qu’ils se nourrissent de la joie acquise grâce à cette méditation. C’est ainsi que se nourrissent les dieux dans le monde de la forme.

Dès le premier jour où les dieux arrivent dans le monde de la forme, on voit qu'il sont différents des dieux du monde du désir : les dieux du monde du désir possèdent toujours leurs organes internes, ils ont besoin de manger du nectar pour maintenir en vie leur corps physique. Cependant les dieux du monde de la forme, dès le premier dhyana, n'ont pas d'organes internes, en conséquence ils n’ont pas besoin de manger du nectar. Si vous atteignez un jour le premier niveau de dhyana à travers la méditation, vous verrez que c'est comme un nouveau corps qui sort du corps physique, et que ce nouveau corps est comme les nuages du ciel, quoique plus léger encore. Ce corps est un peu comme un brouillard blanc très épais. Il ne possède plus d'organes internes, car les dieux du monde de la forme ne mangent pas de nourriture, qu'ils n'ont pas de système nerveux lié à la langue, qu'ils ne peuvent pas sentir, qu'ils n'ont pas de système nerveux associé au nez. Autrement dit, leur langue n’éprouve pas la sensation du goût, bien qu'ils conservent néanmoins cet organe. Mais leur langue n'identifie pas le goût, parce qu'aucun système nerveux n'y est relié. Un copain trouvait très étrange d'entendre mon explication sur les dieux dans le monde de la forme, les dieux n'ayant pas la propriété de sentir les choses par le nez. Il pensait que les dieux du monde de la forme n'ont pas de nez. Il est donc venu me questionner et en a conclu qu'il était préférable de dire qu'ils n'avaient pas de nez. Je lui ai répondu que si leur nez ne peut pas sentir d'odeurs, ils le conservent encore et ont une apparence qui continue d'être très « noble ».

Les dieux du monde de la forme n'ont pas cette faculté de sentir, pour une raison bien simple : ils n'en ont pas besoin. Les propriétés de la langue et du nez sont conçues pour profiter de la vie dans le monde du désir. Il faut manger pour goûter de la nourriture et percevoir l'odeur des aliments, et prendre plaisir ensuite à la nourriture. Il en va ainsi des dieux du monde du désir comme de notre monde : ces dieux perçoivent les parfums, la douceur, les goûts légèrement sucrés, le croustillant et d'autres saveurs. Ils ont besoin de sentir et de goûter à travers les organes du nez et de la langue, de quoi ont résulté respectivement l'odorat et le goût. Les dieux du monde de la forme, eux, ne mangent pas, car ils n’en ont pas besoin. Ils ne disposent donc pas des fonctions propres au nez et à la langue, puisqu'ils n’ont pas la conscience de l'odorat ni du goût.

Bien qu'il soit délicieux, si vous invitiez les dieux du monde de la forme à manger du nectar du monde du désir, pensez-vous qu'ils en mangeraient? Ils n’en voudraient pas. Les corps des dieux du monde de la forme demeurent en effet toujours dans un état de méditation. Ils n'ont donc pas besoin de la nourriture du monde du désir. Pourquoi n’ont-ils pas envie de manger de ce nectar? Simplement parce qu’ils savent bien que le nectar du monde du désir est très « limité », et que s'ils en mangeaient, ils retourneraient dans le monde du désir, et donc éprouveraient du désir. Ils ne s'élèveraient plus au-delà des six cieux qui composent le monde du désir[20]. Ils ne seraient donc plus en mesure de demeurer tranquilles dans le monde de la forme.

Les bouddhas et les bodhisattvas étant conscients de cette vérité, pensez-vous qu’ils iront conseiller aux pratiquants bouddhistes de manger du nectar? Bien sûr que non. Les bouddhas ne feront pas cela, car le fait de manger de ce nectar reviendrait à demander aux pratiquants de descendre au ciel le plus bas du monde du désir. Tout ceci tombe sous le sens, et il est clair pour vous désormais que si quelqu'un déclare que son nectar vient d’un bouddha ou d’un bodhisattva, il s'agit là d'une personne superstitieuse qui ne comprend absolument pas la nature du nectar.

Vous avez entendu mes paroles, et vous connaissez à présent la nature du nectar. Si un jour quelqu'un vous dit que son professeur, son gourou ou son maître Rinpoché[21], vous a rapporté du nectar et vous invite à en manger un morceau, vous devez répondre : « Non merci ». C’est irrévocable, c’est: « Non, je ne veux pas de votre nectar ! » Pourquoi? Parce que le nectar n'a rien à voir avec le bouddhisme.

Nous savons maintenant que le nectar est tout à fait étranger au bouddhisme. Le fameux « bouddha vivant » de Nankan, à Taoyuan, Taïwan, M. Xiraogendeng, nous a dit avoir rencontré un grand maître nommé Yang Er Yi Xi, ou M. Yi Yu Kau, alias Yang Er Yi Xi. Ce maître affirme que son enseignement est conçu pour obtenir le nectar du ciel. Il soutient également avoir fait beaucoup de publicité dans les journaux, y déclarant qu'il avait obtenu un très haut niveau de pratique bouddhiste. En réalité, ce n'est pas une pensée juste. Ce n’est pas le vrai dharma. Cependant, il existe toujours des gens qui, n'ayant pas la sagesse, pensent encore que manger ce nectar du monde du désir (qui est un dharma opératoire, c'est-à-dire un dharma qui nous retient dans le cycle des réincarnations) peut apporter des progrès dans la pratique du bouddhisme. Et ces gens continuent de poursuivre leur recherche avec l'aide du nectar.

Nous avons déjà parlé du nectar du monde du désir. Nous allons parler à présent du nectar dans le culte.

À quoi ressemble le nectar lié au culte? Il est tout aussi très étrange et inimaginable, parce que vous n’avez jamais pensé qu’il existe réellement. Dans le lamaïsme, il existe une sorte d’initiation tantrique secrète, que les lamaïstes n'enseignent pas si facilement, qu'ils n'accordent qu'à peu de gens.

Les gens qui veulent s’initier à cette pratique secrète doivent d'abord faire au gourou beaucoup de dons. Lorsque le gourou est satisfait, il commence à initier le candidat à cette pratique tantrique secrète. Il existe bien des gens qui apprennent le lamaïsme tibétain pendant de nombreuses années et qui n'ont jamais entendu parler du tantra sexuel. Et quand ils ont découvert la méthode tantrique dans mon livre, où je la décris en détails, ils ont peut-être pensé que ce que j'avais écrit était diffamatoire. Cependant, je ne suis pas un menteur et c’est seulement parce qu’ils ne sont pas encore arrivés à un tel niveau dans la pratique lamaïste, qu'ils peuvent y voir de la diffamation. Et compte tenu de leur manque d'information et de leur ignorance, ils ont pu croire que je proférais des mensonges. Mais ce n’est absolument pas grave.

Avant de commencer l'initiation secrète, vous devez offrir de nombreux dons à votre gourou. Ce qui signifie que l'offrande alimentaire est insuffisante. D'ailleurs, ce qui importe avant tout est d'offrir des bijoux, de l'argent, et aussi de pratiquer la méditation avec l'image de votre gourou dans votre tête. En sorte que la méditation se fait quotidiennement pendant deux ou trois heures durant lesquelles vous ne pensez qu'à votre gourou, imaginant que son corps est assis au-dessus de votre tête et qu'il vous apporte un pouvoir de protection. Mais c'est une parfaite illusion qui n'a rien à voir avec le véritable niveau du gourou. Suite à cela, il vous faut prendre pour refuge votre gourou, c'est-à-dire que, quoi que vous fassiez, vous devez penser que votre gourou est au-dessus de vous et qu'il vous protège, ce qui par conséquent vous amènera, après un certain temps, à lui remettre votre entière confiance. Si vous êtes capable de visualiser ainsi durablement le gourou, c'est que vous vous êtes finalement convaincus vous-mêmes de croire en lui.

Après avoir achevé cette étape de visualisation, vous lui faites don des quatre offrandes[22]. Et vous lui accorderez toutes ces choses afin d'obtenir sa satisfaction. Une fois le gourou heureux et satisfait, il vous enseignera l'initiation secrète. Celle-ci cependant contient encore plusieurs étapes.

Dans un premier temps, et avant le commencement de l'initiation, se tient une cérémonie ouverte qui comprend des rituels. Ces rituels réunissent et font participer tout le monde, et doivent respecter la théorie du tantra sexuel. Toutefois, de nombreuses personnes ayant participé à ces réunions ignorent encore, dans leur inconscience, que les graines de la pratique du tantra sexuel ont été déjà semées en elles ; et ces gens-là de se sentir satisfaits car ils se figurent avoir obtenu un grand bénéfice.

Après la cérémonie, les élèves doivent suivre l’enseignement de leur gourou, qui consiste dans de différentes visualisations ; ils doivent également et une fois encore, apporter toutes sortes d'offrandes, pour satisfaire leur gourou afin que, en suite de ces offrandes, celui-ci leur enseigne l'initiation secrète. Cette initiation, qui se tient dans un mandala, comprend des rituels secrets, ainsi que l'absorption du nectar administré par le gourou. Elle se présente sous deux aspects: « le père tantra » et « la mère tantra ». L’initiation avec le gourou homme est appelé « père tantra », celle avec la gourou femme se nomme la « mère tantra ». Si l'initiation est réalisée avec les deux ensemble, on l’appelle tantra de la non-dualité.

Cette initiation, connue aussi sous le nom d'initiation de la non-dualité, est vraiment merveilleuse, car dans le bouddhisme authentique, on recourt souvent à ce terme, « non-dual »![23] Mais la réalité n'est pas si merveilleuse qu'il y paraît, parce que si jamais vous avez participé à cette initiation, vous vous êtes fait avoir en beauté ! Le lieu de cette initiation, bien sûr, a besoin d'être choisi à l'écart des populations, des lieux bruyants, dans un endroit que nul ne peut trouver facilement. Avant de rentrer dans le mandala, il faut d'abord qu'on vous couvre les yeux d'une serviette. À l'intérieur de ce mandala, il vous faut inévitablement réaliser certains gestes de la main[24], sonner les cloches de Bumpas vijra et tourner les moulins à prières dorjes, en sorte que certaines gens de l’extérieur croient que vous êtes en train d'accomplir une cérémonie.

Après avoir effectué ce rituel, commence alors progressivement l’initiation. Je ne peux pas vous en expliquer, ici, les détails, car il serait gênant pour vous de les entendre. À la fin de la cérémonie, le gourou homme donne du nectar aux disciples de sexe féminin. Dans ce cas le nectar concerné est la sécrétion de la partie inférieure du corps du gourou. Le gourou connaît le sens de l'initiation secrète. C'est pourquoi, pendant ce processus de la cérémonie, il doit avoir une érection dans la partie inférieure de son corps. S'il n’y parvient pas et n'obtient donc pas de sécrétions, il lui faut penser au corps et à l'organe sexuel d'une belle femme, ainsi qu'au plaisir que procure la pratique sexuelle. Le gourou dépose ensuite ses sécrétions sur la pointe de la langue de l'initiée. C'est là le secret du nectar à travers l'initiation. Pour le gourou femme, ses sécrétions constituent également le nectar. Je dois vous dire que cette procédure visant à obtenir ce nectar s'appuie sur des conceptions erronées, et qu'une telle pratique témoigne du fait qu'il ne s'agit rien moins que d'une secte. C’est ainsi qu’est le nectar du culte. Le bouddhisme authentique ne va jamais envisager qu'une telle pratique puisse donner le nectar, et il n'envisagera pas davantage que ces sécrétions puissent même être un nectar et constituer une nourriture pour les disciples.

Dans le lamaïsme tibétain, faire une offrande à son maître constitue la base de l'étude. Il existe plusieurs offrandes, mais la « meilleure » est celle d'un bel homme[25] ou d'une belle femme[26]. Les hommes doivent étudier avec une maîtresse[27], les femmes avec un maître. C’est la méthode secrète pour le lamaïste qui veut atteindre le niveau du Bouddha en une seule vie. On la nomme de bien des manières : le yoga suprême, l’anuttara tantra yoga, Kāmamudrā, Hevajra, Hérouka, le père tantra, la mère tantra, le tantra de la non-dualité, le samadhi tantrique, le lamdré, etc. Dans de différentes écoles lamaïstes, on peut avoir plusieurs termes pour la désigner, mais en réalité, il s'agit d'une seule et même méthode.

Si vous êtes une femme et que vous ayez envie d’étudier avec un professeur, alors vous devez trouver pour l’offrande une belle jeune femme destinée à être la femme vidyaraja, parfois aussi appelée la mère du Bouddha, ou tara. La sélection d’une tara est très stricte, car la fille doit être jeune, avoir de belles dents blanches avec des lèvres rouges, un joli corps, une haleine fraîche... Après avoir choisi la jeune fille selon les critères exigés et après que celle-ci a fixé la récompense qu'elle percevra, vous pouvez commencer l'initiation secrète : la jeune fille et le gourou peuvent entrer dans le mandala, afin de réaliser un acte sexuel. À l'extérieur, la personne qui a offert la femme au gourou entend des sons extraordinairement merveilleux puis, lorsque la cérémonie terminée, le gourou doit récupérer les secrétions grâce à un « outil bouddhiste » tout à fait particulier. Suite à cela le gourou quitte le mandala avec la récompense promise à ses disciples, ses sécrétions en l'occurrence. Il récompense également ceux qui sont à l'extérieur du mandala, par quelques gestes de la main (mudra) et une parole de bénédiction (mantra).

Pour les disciples d'un gourou de sexe féminin, bien sûr, vous devez choisir un homme d'apparence jeune et qui possède assez de force pour être un daka ; quant au reste de la cérémonie, il se déroule plus ou moins de la même manière.

Maintenant, je vous le demande: êtes-vous prêt à manger ce genre de nectar ? Pour ma part, je n’en veux absolument pas, c'est clair et net. Cependant, certaines personnes superstitieuses chez les lamaïstes pourraient me traiter d’imbécile, convaincus que le nectar de leur maître est le fruit de la pratique pour atteindre l'état du bouddha en une seule vie, et qu'il n'est pas facile de l'obtenir puisqu'il faut pour cela remplir des conditions particulières et avoir un karma très positif. C’est cela, le nectar dans le culte. C’est une chose vraiment délirante et c’est aussi un immense mensonge parce que c'est une théorie qui se fonde sur des pensées erronées.

Cette théorie, qui vise à atteindre le niveau de Bouddha en une vie, si nous en comprenons bien la teneur, ne nous dupera plus aussi facilement. Le lamaïsme dit souvent : « Notre dharma ne vient pas du Bouddha Sakyamuni, mais du Bouddha Vajradhara[28]. » C’est un autre Bouddha qui, selon les lamaïstes, serait né après le Bouddha Sakyamuni et qui aurait enseigné le tantra. Cette méthode n'existe que dans le lamaïsme et serait la plus rapide pour atteindre le niveau du Bouddha. Elle n'existe pas dans les autres écoles du Mahayana. Pour convaincre leurs fidèles, ils disent que le Bouddha Vajradhara était une autre incarnation du Bouddha Sakyamuni. Cette déclaration n'est pas crédible, parce que l'enseignement du Bouddha Sakyamuni consiste dans le chemin de la libération et dans celui de la véritable sagesse, lesquels sont les deux voies du dharma pour briser l'ignorance et se libérer des mondes du désir, de la forme et du sans forme. Le chemin tantrique n'a rien à voir avec la libération, et utilise le désir sexuel pour atteindre ce but. En outre, le Bouddha Sakyamuni a enseigné les chemins de la libération et de la sagesse. Il sait bien que le dharma du monde du désir est la cause du cycle des réincarnations. Comment le Bouddha Sakyamuni pourrait-il se réincarner dans le Bouddha Vajradhara, et enseigner ensuite aux gens un dharma du monde du désir, les contraignant ainsi à demeurer prisonniers du samsara ? Cela n'a aucun sens et contient en soi sa propre contradiction. Ceux qui soutiennent que Vajradhara et Sakyamuni sont les mêmes personnes (avec tout ce que cela implique pour eux), sont dans l'erreur : leurs propos ne sont absolument pas cohérents ni crédibles.

À dire vrai, la connaissance et l'enseignement du lamaïsme tibétain contiennent soixante ou soixante-dix pour cent d'erreurs, et la pratique du tantra repose quant à elle sur une théorie parfaitement erronée. Pour autant, ses adeptes fixent des conditions pour les personnes qui veulent la mettre en pratique : ils doivent pratiquer le qi gong[29] jusqu'à ce que leur énergie remonte vers les chakras supérieurs, puis pénétrer au point tilaka[30]. Lorsque leur énergie peut monter et descendre à l'intérieur de leur corps sans la moindre difficulté, alors seulement ils peuvent être un gourou vajra[31] et commencer à pratiquer le tantra. Selon la théorie tantrique du lamaïsme, ils sont alors en mesure d’enseigner à leurs disciples, avec ce type d'initiation, la méthode permettant d'atteindre le niveau de Bouddha en une seule vie.

À quoi ressemble la personne qui a atteint ce niveau de qi gong ? Au début de cette année 2000, on présenta à la télévision, en direct, un yogi hindou. Celui-ci était nu devant des étudiants et devant une camera, en vue de prouver que les exercices yogiques qu'il allait pratiquer ne seraient pas truqués par quelque supercherie. Dans l'hindouisme, un yogi nu est sacré ; c’est pourquoi ces étudiants n'éprouvèrent aucune honte face à la nudité de ce yogi.

Dans une tasse remplie d'un liquide dont la couleur ressemblait à celle de l'huile, ce yogi mit son pénis et commença à se concentrer. Très vite alors son pénis absorba le liquide, qui disparut, aspiré par le corps du yogi.

Les gourous tibétains qui souhaitent organiser cette cérémonie secrète doivent avoir au minimum le niveau de ce yogi hindou. C’est la condition nécessaire pour celui qui veut atteindre le niveau du Bouddha en une seule vie. Si cette condition n'est pas remplie, ce sera le chaos, et des lamaïstes pourront en profiter pour se faire passer pour des enseignants du tantra et abuser ce faisant des belles disciples ou de leurs familles.

Selon la théorie lamaïste, la pratique secrète Anuttara tantra yoga est aussi appelée « méthode pour atteindre le niveau de Bouddha en une seule vie ». La base de leur théorie est semblable à la théorie du dharma bouddhiste. Mais attention ! Si leurs enseignements et leurs théories semblent très similaires à ceux du bouddhisme, ce sont en réalité deux choses très différentes.

Selon la théorie bouddhiste, les sutras qui parlent de la sagesse des graines disent que la forme[32] et la vacuité ne sont pas duels. La raison en est que la forme du corps physique est générée par la nature vide de la huitième vijnana, Tathagatagarbha. Une des grandes fonctions inhérentes à Tathagatagarbha est de permettre à notre corps de grandir jusqu'à atteindre sa constitution adulte. C'est grâce à certaines conditions impératives, que sont les affinités karmiques du père et de la mère, l'utilisation des quatre éléments et la nourriture, que notre corps croît. Nous ne pouvons donc pas dire que le corps et Tathagatagarbha sont deux choses identiques, pas plus que nous ne pouvons dire qu'elles sont différentes. C’est pour cette raison qu’on affirme que la forme[33] et la vacuité ne sont pas duels.

Dans le lamaïsme il existe une théorie contrefaite de la théorie de la « non-dualité ». Ses adeptes affirment que le vide et la félicité ne sont ni identiques ni différents. Leur théorie repose sur l’anuttara tantra yoga[34]. En d'autres termes, on peut, selon le lamaïsme, atteindre le niveau de Bouddha avec le corps physique de cette vie présente. Cette méthode est exploitée à l'occasion d'une cérémonie, pendant un acte sexuel avec le gourou vajra, dans le mandala, afin de connaître le plaisir à travers le contact des organes sexuels. Le lamaïsme appelle cela plaisir inné, ou « bonheur primitif »[35]. Aussi, si vous lisez un sutra tantrique ou un texte lamaïste, et que vous voyiez des expressions telles que « bonheur congénital » ou « bonheur inné », ne vous laissez pas duper, car il ne s'agit là que de la joie obtenue durant la relation sexuelle. Les gens qui pratiquent cette méthode sont bel et bien liés au monde du désir. Mais eux font durer le plaisir sexuel le plus longtemps possible, jusqu'à ce que la totalité de leur corps en soit atteinte[36] et qu'ils accèdent de la sorte à l’illumination authentique[37]. Il disent alors avoir atteint le niveau du Bouddha.

Le lamaïsme utilise le lexique bouddhiste, mais son sens n'a rien à voir avec le bouddhisme. C’est tout à fait différent. L'explication que donne le bouddhisme sur la véritable illumination est la suivante : une personne illuminée comprend parfaitement le sens de tous les dharmas du monde du dharma, et les perçoit n'importe où et de manière absolument claire. Ce sont là les signes de la véritable illumination. La théorie d’anuttara tantra yoga de l’école tantrique en parle de la façon suivante : lors de l’acte sexuel, le plaisir que procure le contact des organes sexuels doit persister le plus longtemps possible. En outre, la personne doit être comblée sur le plan de la jouissance sexuelle et n’avoir plus de pensées. À ce moment-là sa conscience est la véritable ainsité. Cette conscience n'est pas une conscience mentale, c’est une conscience qui permet d’observer le plaisir durant l’acte sexuel. Elle n'est ni une forme, ni une substance. Elle est complètement vide et « creuse », elle est la vraie nature de la vacuité. De même, si vous regardez toutes les phénomènes et tous les dharmas de ce monde, il n’est pas une seule chose qui soit durable. Le corps n'est pas durable, toutes choses prennent fin un jour, car elles sont impermanentes. Mais la conscience qui peut observer l’acte sexuel, est réelle, elle est la vraie nature de la vacuité, parce qu'elle n’a pas de pensée, qu'elle est vraiment vide. Réaliser cette conscience, c’est atteindre la sagesse prajna, c'est atteindre le niveau de bouddha avec son corps physique dans cette vie. Telle est la théorie du yoga tantrique.

Partant, les lamaïstes ont mis en place une manière de théorie. Ils affirment par là que les sécrétions obtenues après cet acte sont les éléments les plus efficaces pour avancer sur le chemin de la pratique, dans la mesure où ces sécrétions permettent aux pratiquants de comprendre correctement le sens de tous les dharmas et d'atteindre l'illumination authentique. Les sécrétions, qui viennent du gourou homme et/ou de la tara, c'est-à-dire d'un être très « avancé », sont une bénédiction qui assure le progrès des disciples. Ces secrétions sont aussi appelées « nectar » dans le lamaïsme. Si les disciples ont mangé de ce nectar, qui est la propriété du maître et de la tara, leur niveau de pratique va sans nul doute avancer très rapidement. Juste après la cérémonie sexuelle au sein du mandala, le gourou distribue les nectars à ses disciples afin qu’ils s’en nourrissent. Pour le lamaïsme, ce « nectar » n'en est qu'un parmi d'autres, et il est lié à la pratique bouddhiste. Il possède une grande vertu pour la pratique. Ce n'est pas une perte, puisque le gourou doit les offrir à ses disciples. Quant aux restes du « nectar », le gourou doit les récupérer, après la cérémonie sexuelle. En effet, ce sont des éléments importants qui aident le corps physique à préserver sa bonne santé. Ils sont également d’une grande importance dans la pratique bouddhiste. Le gourou recourt à l’exercice du qi gong pour réabsorber dans son corps les secrétions. C'est une sorte de recyclage, comme nous le faisons avec les déchets. En réalité, ce qui est récupéré, ce sont encore des ordures, des déchets qui ne sont d'aucun secours dans la pratique du bouddhisme. Beaucoup des gens sont trompés par ces pensées insensées du lamaïsme, et passent de nombreuses années à pratiquer le qi gong lamaïste et à perdre ainsi beaucoup de temps, puisque les résultats qu'ils obtiennent sont totalement étrangers au chemin juste et n’ont aucun rapport avec le bouddhisme.

Par conséquent, nous comprenons que le gourou lamaïste, s'il souhaite utiliser cette méthode pour aider ses disciples à atteindre le niveau de bouddha, doit avoir un niveau de yoga suffisamment avancé pour être capable de récupérer ses propres sécrétions. C’est une condition préalable à la pratique du tantra yoga. Cette méthode porte plusieurs noms: L'essence du vajrayana, la claire lumière de félicité, Hevajra, Nikita Karma et Anuttara yoga ; bien entendu le nectar n'est autre chose que cette sécrétion obtenue suite à la cérémonie sexuelle.

Cette méthode sectaire relative au nectar dispose aussi d'une base théorique. Elle renvoie à un chapitre du sutra Avatamsaka. On raconte dans ce sutra l’histoire d'un garçon qui s’appellait Sudhanakumâra et qui avait étudié auprès de cinquante-trois grands maîtres. Parmi eux se trouvait une femme. Il s'agissait de la bodhisattva Vasumitra. Vasumitra était une prostituée de luxe, qui habitait dans une maison très riche et possédait des pavillons riverains dans son jardin et de faux rochers qui accroissait son faste. Une maison somptueuse. Elle ne recevait pas facilement du monde, mais si quelqu'un voulait comprendre l'enseignement du Bouddha, il pouvait aller la voir. Cela coûtait fort cher, et était donc rentable. Certaines personnes avaient atteint l'illumination en allant simplement parler avec elle, face à face. D'autres atteignaient l'illumination en touchant sa main. D’autres encore l'atteignaient au moment où elle les prenait dans ses bras, ou qu'elle leur donnait un baiser, et certaines personnes, celles qui étaient les plus lentes à comprendre la vérité, devaient coucher avec elle pour atteindre l'illumination.

Bien sûr, cette femme possède cette capacité d'aider les autres. Il ne fait aucun doute qu’il s'agit d'un grand bodhisattva. À ce jour, aux yeux de ceux qui ont atteint l'illumination dans notre association, cela n'a rien d'extraordinaire. Ils en sont aussi aisément capables. Il est très clair que les enseignants de notre association n'ont pas de difficulté à y parvenir.

Le comportement du bodhisattva Vasumitra consiste à attirer les gens d'abord au moyen du désir sexuel. Sa méthode repose sur l'exploitation des différents fantasmes sexuels des êtres, afin de les aider à découvrir, dans le monde du dharma, le tathagatagarbha, c'est-à-dire la huitième vijnana, et ce afin d'atteindre la sagesse et de jouir des bénéfices propices à la libération. Cette méthode fonctionne parce que la vacuité est la nature de la huitième vijnana et que la réalité du monde du dharma est partout, donc également dans les dix-huit éléments et dans les douze entrées.

Ceux qui ont vraiment compris l’enseignement du Bouddha et qui ont atteint la sagesse, peuvent facilement aider les autres à atteindre l'illumination par la compréhension de leurs propres désirs. Cela n'est pas surprenant. Il y a huit ou neuf ans, nous avons publié un livre : " Chan : before and After Enlightenment[38], dans lequel nous avons développé l'idée d'interdire l'exploitation de la méthode sexuelle comme moyen d'aider les autres à atteindre l'illumination. Nous avons également dit dans ce livre, que si quelqu'un utilise cette méthode pour aider les autres à atteindre l'illumination ou voir la nature du Bouddha, c'est qu'il doit avoir obtenu au minimum le niveau du huitième bhumi.

Si vous avez atteint ce niveau, celui de la huitième terre du bodhisattva, cela signifie que vous êtes un grand bodhisattva. Je ne peux pas alors vous empêcher de faire ce que vous voulez, car au huitième niveau de bodhisattva, vous êtes toujours libre à tout moment au sein du cycle de la réincarnation. Vasumitra peut matérialiser un double de son corps physique, lequel est en mesure alors de pratiquer la tantra sexuel avec d’autres personnes qui présentent des affinités avec elle, et de les aider à atteindre l'illumination à travers cet acte sexuel. Mais elle ne s’attache pas au corps physique, et ne tient pas compte non plus de la beauté des autres. Il s'agit là d'un haut degré d'habileté propre à un grand bodhisattva. Nous n'avons pas le droit de critiquer, ni de rejeter cela.

Cependant les gourous du tantrisme prennent comme base et référence un passage du "Avatamsaka Soutra", bien qu'il n’aient pas le niveau requis. Ils n’ont même pas atteint l’illumination, aussi, comment peuvent-ils se référer à ce passage du "Avatamsaka Soutra" et enseigner ensuite cette initiation secrète? Le vénérable maître Vasumitra, qui se présente sous les traits d'une prostituée, est en réalité un grand bodhisattva. Elle est en effet déjà sortie de ces trois mondes et n'est pas attachée à son propre désir. Mais les anciens fondateurs et les enseignants tantriques n’ont pas jusqu’à présent atteint l'illumination, ils n'ont pas encore atteint la septième étape de la pratique[39] et n'ont pas même brisé leurs malentendus sur le vrai moi : eux en effet défendent l'idée que la conscience mentale est seule durable. Ils n'ont pas même réussi à obtenir le premier fruit du srâvaka, en sorte qu'ils sont toujours liés au désir. Comment osent-ils alors enseigner la méthode du tantra sexuel et l'initiation secrète correspondante, et faire l'amour avec les disciples du sexe opposé ? La plupart des maîtres et les gourous tantriques dans le monde aujourd'hui n'ont pas le niveau de qi gong nécessaire pour récupérer leurs propres sécrétions. D'après la convention qui a créé la fondation tantrique, ils ne sont pas autorisés à mettre en pratique cette initiation secrète.

En vérité, de nombreux gourous tantriques ont mis en pratique cette initiation pour abuser sexuellement de leurs disciples du sexe opposé. Ils ont des idées tordues. Ils sont attirés par la beauté de leurs disciples, et leur proposent souvent de leur enseigner le tantra sexuel pour pouvoir en abuser. Si vous ne me croyez pas, demandez à tous les maîtres qui ont enseigné ces initiations, afin de vérifier s’ils ont vraiment le niveau de qi gong requis, c'est-à-dire s'ils sont capables de récupérer leurs sécrétions après la cérémonie. Je n'en connais pas un seul qui sache le faire. Cependant dans l'hindouisme, il existe des yogi qui ont bel et bien cette capacité. Toutefois, vous êtes encore dans l'erreur, vous êtes en dehors du véritable enseignement du Bouddha, si vous pensez pouvoir, avec cette seule capacité, atteindre l'illumination et les fruits de bouddha. Ceux qui le croient pèchent par mensonge, et utilisent ce mensonge pour attirer à eux leurs disciples. Cette méthode du nectar est basée sur une mauvaise compréhension du dharma, et il ne sert à rien d’admirer ceux qui la mettent en pratique.

Maintenant que vous avez la connaissance du nectar de ce monde, du nectar des dieux du monde du désir, et du nectar des sectes (celui du lamaïsme), vous savez qu’ils n’ont en fait rien à voir avec la pratique du bouddhisme. Ceux qui sont allés à Nankan Tao-Yuan pour rechercher Xiraogendeng et qui lui ont donné beaucoup d'argent pour obtenir son nectar ou des tours de cendres[40], ont suivi des dharmas parfaitement étrangers au bouddhisme : rien à voir vraiment avec le dharma bouddhiste ! Ces gens sont incroyablement ignorants et naïfs! Cependant, nous ne dirons rien sur la façon dont ils ont obtenu le nectar. C'est grâce aux dieux du monde du désir qu'ils l'ont eu, ou encore en utilisant la magie de l'ancien art chinois, le faisant proliférer très rapidement comme des champignons. Je pense que l'Association des Magiciens pourra donner sur ce sujet des informations plus détaillées. Je ne ferai pas d’autre commentaire ici.

À présent je vais vous expliquer la vraie méthode du nectar pour le bouddhisme. Ce nectar n'est pas issu de la matière. C’est une pratique pour nous aider à sortir des trois mondes et à acquérir la vraie sagesse. Dans le bouddhisme, nous ne demanderons jamais une substance quelconque au Bouddha, pour ensuite l’utiliser en vue de progresser dans la pratique ou d'accorder une bénédiction visant à nous faire évoluer. Mais nous devons suivre l'enseignement du Bouddha afin de comprendre ce qu'est la vraie méthode bouddhiste et la mettre ensuite en pratique. Alors seulement, à travers cette pratique, nous pouvons obtenir la libération et la véritable sagesse. Cette pratique n'a rien à voir avec le nectar matériel, qui n'est rien d'autre qu'un dharma opératoire du samsara.

Pourquoi parle-ton du « chemin de la sagesse » et du « chemin de la libération », pourquoi parle-t-on de la méthode du « nectar » ? On explique le nectar par la métaphore des deux grandes portes excellentissimes du dharma. Comme le nectar est le meilleur aliment du monde du désir, le chemin de la sagesse et de la libération sont donc également la meilleure méthode parmi ces trois mondes, et c'est également la pratique bouddhiste la plus efficace. Ces deux chemins sont la base de tous les dharmas, car il n'en est aucun autre qui leur soient supérieurs.

C'est pourquoi nous utilisons le nom de nectar pour en exprimer le caractère sacré. Le bouddhiste dit que le chemin de la sagesse et le chemin de la libération sont deux nectars. Ces deux méthodes peuvent aider les gens à se détacher de la vie et de la mort et à sortir également du cycle de la réincarnation dans les trois mondes, afin d’atteindre la sagesse et d'obtenir les fruits du Bouddha. C’est aussi pour cette raison que nous avons nommé ces deux méthodes, nectar.

L'enseignement de tous les bouddhas a pour objectif de progresser jusqu'à leur terme sur les chemins de la libération et de la sagesse. Alors quel est le chemin de la libération? Au début de cette année, je suis venu ici pour parler de la vision erronée et l'enseignement bouddhiste[41], et à l'occasion de cette conférence, j'ai largement traité ce sujet. Mes discours à l'époque avaient pour but d'aider les gens à acquérir une bonne connaissance du chemin de libération, et à comprendre comment échapper au cycle de la vie et la mort dans les trois mondes. C'est cela, le chemin de la libération.

Le chemin de la sagesse consiste à expliquer le vrai visage du dharma ; c'est aussi comprendre la réalité de tous les êtres vivants appartenant aux trois mondes. Ce vrai visage du dharma est la source de tous les êtres sensibles dans le monde du dharma. et cette source en question, c'est l'essence de la vacuité, c'est la huitième vijnana. En pratiquant le chemin de la libération nous pouvons nous libérer de ces trois mondes, mais nous n'avons pas la possibilité d'atteindre le niveau de bouddha. Nous atteignons le niveau d’arhat[42] ; mais un arhat n'est pas un bouddha.

Un arhat ne suit pas la voie du mahayana, il ne connaîtra jamais la sagesse du bouddha. Pour connaître cette sagesse, nous devons passer par le chemin de la libération, puis par celui de la sagesse. Seul le fait de parcourir ces deux chemins jusqu'à leur terme permet aux gens d'obtenir les fruits de bouddha, car le chemin de la libération et celui de la sagesse garantissent au pratiquant qu'il y obtiendra le succès. C'est en vertu de cette affirmation qu'on appelle ces deux chemins, les chemins les plus précieux du dharma. Ces deux voies incluent tous les enseignements bouddhistes, c'est pourquoi l'on dit qu'ils sont le nectar dans le bouddhisme. Comme je vous l'ai déjà précisé, j'ai, au début de cette année, parlé de la vision erronée et l'enseignement bouddhiste. Cette conférence, qui est en cours de rédaction et sera publiée le mois prochain[43], propose des explications plus détaillées. Le contenu de la conférence d’aujourd'hui est plus synthétique, car selon le titre qu'elle porte, nous devons parler surtout de la vraie nature du nectar. La pluie de nectar, cela consiste avant tout dans le fait de partager avec tout le monde les vraies connaissances concernant la pratique sur ces deux chemins. C'est expliquer également le vrai sens du dharma bouddhiste, afin que cela profite à tous et que tout le monde puisse obtenir la vraie connaissance et le point de vue juste. C’est cette méthode proprement dite que l'on nomme la douce pluie de nectar.

La pratique sur le chemin de la libération a pour but de détruire les malentendus au sujet de la vraie nature des corps[44], malentendus qui entraînent l'attachement à un corps parce que cet attachement est la racine et la cause profonde du cycle de la réincarnation de tous les êtres sensibles. Comment les êtres sensibles considèrent-ils le moi ? Certains croient qu’il s’agit de leur corps physique. Pour d'autres, leur moi correspond à la conscience mentale.

Ces attachements au corps physique ou à la conscience mentale produisent différents états dans les trois mondes, parmi lesquels le ressenti, les perceptions, la parole, les pensées et le comportement.

Parfois les gens me demandent: « Maître, expliquez-moi de quelle manière nous pouvons briser les malentendus relatifs à la nature du vrai moi. Je ne comprends pas ce que cela signifie, je ne vois pas de quels malentendus il s'agit, ni ne sais comment les briser. » Nous allons donc nous pencher sur cette question dès à présent.

Les gens pensent que les cinq agrégats sont leur vrai moi. Parmi les cinq agrégats, on a en premier lieu le corps physique. Si vous pensez que le corps physique est votre vrai moi, cela sous-entend que votre vrai moi ne peut être détruit. Or, le corps ne peut survivre que durant une centaine d'années environ, ou cent vingt ans, et ne peut survivre, en temps normal, au-delà de cent quarante ans. Il finira par être détruit, ce qui implique donc qu'il n'est pas le vrai moi : un dharma qui finit par être détruit n’est pas le vrai moi. On défend souvent l'idée que, dans les cinq agrégats, le moi n'existe pas, du fait que le véritable moi est éternel, qu'il ne s'inscrit pas dans une temporalité. Cependant, les êtres vivants, et en particulier les enfants et les animaux, méconnaissent cette vérité et se figurent que le corps physique est le vrai moi.

Certains parents, ou certains instituteurs d’école maternelle ont souvent observé cette situation : un enfant est agressé par d'autres, et allant s'en plaindre, il dit : « Maître, un tel m'a frappé ». Il dit cela parce que, pour lui, son corps est son vrai moi. En réalité, personne ne l’a frappé ! Autrui ne peut toucher que votre corps physique, jamais il ne peut frapper votre conscience mentale, celle qui peut identifier les six vijnanas objectales. En outre, lorsque l’enfant grandit lentement, il lui vient un jour, lorsque son voisin, son grand-père ou sa grand-mère meurent, de penser la chose suivante : « Grand-père, ou Grand-mère sont morts, n'y a-t-il donc plus rien après la mort ? Est-ce la fin ? » Et l'enfant interroge ses parents, qui vont lui expliquer qu'après la mort les défunts vont se réincarner, qu’il existe donc une autre vie, que la mort n’est pas la fin. C’est ainsi que l'enfant dissipe ses malentendus au sujet du corps physique, qu'il comprend que le corps physique n'est pas son véritable moi.

Les gens savent bien que le corps physique sera détruit tôt ou tard. En conséquence, ils vont se dire : « Eh bien, cet esprit, cette conscience mentale qui peut penser, analyser, identifier, cela doit être le vrai moi. » Ils pensent que, lorsque le corps physique meurt, la conscience mentale va pouvoir par la suite se réincarner dans un autre corps. Ils sont ainsi convaincus que cette conscience mentale est durable, qu’elle est éternelle, que la conscience mentale est un corps indestructible. On appelle cela le malentendu sur le corps de la conscience mentale. Cependant tout le monde semble approuver cette idée. Les gens ont longtemps reconnu qu'il y avait de la sagesse dans cette hypothèse. Il sont demeurés, durant de nombreuses réincarnations, en accord avec elle.

Mais celle-ci ne s'est, finalement, pas encore trop étendue. Il y a deux mille cinq cents ans, un grand maître yogi est apparu en Inde, qu'on a nommé le Bouddha Sakyamuni, et qui a dit ces mots : « Il est faux de croire que la conscience mentale qui est capable de penser, soit éternelle. Cette conscience mentale est un dharma limité qui change sans cesse, c'est une illusion. Ce n'est pas le vrai moi. Il existe une autre « esprit » que vous ne connaissez pas encore. »

Le Bouddha a dit encore : « Si le vrai moi était bel et bien cette conscience mentale qui peut penser, elle ne devrait pas alors disparaître lorsque vous dormez. Pourtant cette conscience mentale disparaît au moment où vous dormez d'un sommeil sans rêve, et elle cesse de fonctionner et disparaît lorsque vous perdez connaissance. Comment alors pourrait-elle être le vrai moi ? »

Les hérétiques dits éternalistes, lorsqu'ils entendirent cette explication, se dirent entre eux, inquiets : « Oh, mais alors, je n’ai pas tout à fait compris le sens de la vie. Comment puis-je sortir du cycle des réincarnations de ces trois mondes ? » Ils étaient conscients qu'il s'agissait d'un problème très sérieux, et ils durent repartir pour l'étudier. Ils revinrent ensuite et dirent : « cet esprit n'est certainement pas le vrai moi. » Ils pensèrent alors que tout ce que l'on peut sentir et ressentir, que toutes les émotions, comme le bonheur, la colère, la tristesse ou la joie, que tout ce ressenti devait être le vrai moi ».

Cependant, le Bouddha leur dit : « Pensez-vous vraiment que cet agrégat du ressenti grâce auquel vous pouvez éprouver le bonheur et la souffrance est le vrai moi ? Je vous pose la question autrement : il existe trois types de ressentis et de sensations. Lequel de ces types est le vrai moi? » Les hérétiques n'allaient certainement pas dire que le fait de ressentir la souffrance était le vrai moi, parce que personne n'aime la douleur ni l'inconfort. Les hérétiques assurèrent donc que la sensation de plaisir était le vrai moi. Le Bouddha leur demanda : « Vous affirmez que le plaisir est le vrai moi ; mais si tout à coup quelqu'un vous frappe avec un bâton sans la moindre raison, vous éprouverez immédiatement une douleur, n'est-ce pas, et la sensation du plaisir disparaîtra immédiatement. On peut donc en conclure que la sensation du plaisir n'est pas durable, que ce n’est pas le vrai moi, le moi durable. » Les hérétiques changèrent immédiatement leur fusil d'épaule : « Alors, c'est que la sensation d’avoir de la souffrance est le vrai moi. »

Le Bouddha leur répondit : « La souffrance, c’est la douleur. Cette douleur ne dure en moyenne qu'un ou deux jours, elle finira toujours par disparaître. Et lorsque la douleur vous aura quittés, vous ressentirez quelque chose qui n'est ni douleur ni plaisir, vous éprouverez la sensation de n'avoir ni plaisir ni douleur, parce que la souffrance aura disparu. Cet agrégat du ressenti n'est pas durable, ce n’est pas le vrai moi. » Les hérétiques ayant écouté cela, reconnurent que le Bouddha avait raison.

Ils conçurent alors une autre idée : « Chaque jour, nous devons dormir. La sensation qui est absence de plaisir et de souffrance, c’est cela qui doit être le vrai moi. » Ils ont donc soutenu devant le Bouddha que la sensation qui ne présente ni plaisir ni douleur, était le vrai moi, le moi durable.

Le Bouddha leur répondit: « Si quelqu'un vous donnait cinq millions, vous seriez très heureux, et cette sensation de plaisir, en conséquence, reviendrait ; quant à celle de l'absence de plaisir et de douleur, elle ne serait plus. Ce ressenti dont vous parlez n'est pas permanent, car ce qui est impermanent engendre la souffrance, la sensation de souffrance. La souffrance n’est pas le vrai « moi ».

Les hérétiques surent désormais que l’agrégat de la sensation n’était pas le vrai moi. Ils s'imaginèrent alors que l'agrégat par lequel nous pouvons agir, parler et penser, était le vrai moi, le moi durable. Cet agrégat étant présent toute la journée, ils pensèrent qu’il devait être le vrai moi. Le Bouddha leur répondit : « si l’agrégat qui génère les pensées, les paroles et les actions, était le véritable moi, quand vous dormez sans rêver, celui-ci devrait être toujours actif. Or, il ne l'est plus, il a disparu. Cet agrégat est un dharma somme toute très limité, il est impossible qu'il soit le vrai moi. Les hérétiques réfléchirent encore, et répondirent au Bouddha : « Cet agrégat en effet ne peut pas être le véritable moi. En revanche, la conscience mentale, qui nous permet d'être conscient, cela doit être le vrai moi. »

Cependant le Bouddha objecta : « Si cette conscience mentale était le vrai moi, lorsque vous dormez sans rêves, que vous perdez conscience, que vous entrez en état de samadhi sans pensée, ou lorsqu'un arhat se trouve plongé dans l'état du samadhi de la cessation[45], cette conscience mentale, à cet instant, devrait continuer d'exister. Or, elle est dans ces moments-là comme un mort-vivant, et dans cet état elle n'a pas de pensée. Ainsi, une fois encore, la conscience mentale n'est pas un dharma permanent ! Il n’est pas possible d'envisager qu'elle soit le véritable moi. » Le Bouddha leur ayant expliqué tout ceci clairement, les hérétiques n'eurent rien à ajouter.

Le Bouddha a donc expliqué les cinq agrégats aux hérétiques éternalistes, et ces derniers se sont rendu compte que leurs théories ne pouvaient pas être justes. Le Bouddha a ensuite expliqué les dix-huit éléments, qui composent l'existence humaine, c'est-à-dire les six vijnanas racines, les six vijnanas objectales et les six autres vijnanas, qui forment ainsi les dix-huit éléments. Aucun des hérétiques n'ignorait que leurs théories étaient incorrectes. Aussi avaient-ils dû le reconnaître, ainsi devinrent-ils des disciples du Bouddha.

Le Vénérable Maha Kashyapa, le Vénérable Sariputra, le Vénérable Subhûti, etc… Tous ces grands arhats furent d'abord des hérétiques. Mais après avoir débattu avec le Bouddha sur le sujet du dharma, ils en devinrent tous des disciples.

Le Bouddha, après qu'il eut convaincu les hérétiques éternalistes, dut faire face à d'autres hérétiques : les nihilistes, qui pensaient que le Bouddha l'était lui-même. Ceux-ci étaient venus lui parler : « Gautama ! s'étaient-ils exclamés, vous avez dit que les cinq agrégats et les dix-huit éléments étaient impermanents, et qu'en conséquence ils créaient la souffrance, donc la vacuité, et qu'ainsi cela prouvait la non-existence d'un moi. Les cinq agrégats sont impermanents. Nous exploitons le même dharma que celui que vous avez exploité vous-même. Nous sommes donc semblables à vous : vous êtes le Bouddha, nous sommes aussi des Bouddhas. »

Le Bouddha leur répondit : « Je suis le seul qui puisse être nommé Bouddha. Vous n'êtes pas des Bouddhas. »

Les hérétiques, qui n'étaient pas d'accord avec le Bouddha, lui opposèrent ces paroles : « Vous avez parlé des cinq agrégats et des dix-huit éléments ; tous sont impermanents, et cette impermanence cause la souffrance. Ainsi, il n'y a pas de vrai moi. C'est là ce que nous affirmons également. Vous êtes le Bouddha, pourquoi ne pourrions-nous pas prétendre nous-mêmes au nom de Bouddha? »

Le Bouddha répondit : « Ce que vous dites n'a rien à voir avec ce que j'enseigne. Mon enseignement est le suivant : le monde où se manifestent le nom, la forme, le désir, l'attachement et l'esprit, est lié à la huitième vijnana. Sans cette huitième vijnana, ce monde n'existe pas. En outre, elle est liée avec les cinq agrégats, lesquels créent la souffrance et sont vacuité, dépourvus d’existence d'un moi et l’impermanents.

Si vous détruisez cet attachement au monde du nom et de la forme, et à ces cinq agrégats, vous pouvez sortir de ces trois mondes.

Cependant, il reste encore une vijnana à laquelle le monde de la forme reste lié et dont il dépend, une vijnana qui, elle, ne disparaît jamais. Cette vijnana ne correspond pas au moi que défendent les éternalistes. Nirvana ne signifie pas vide, il ne signifie pas qu'il n'y a plus rien. Vous dites que ce monde du nom et de la forme est impermanent, empli de souffrances, vide et dépourvu de l'existence d'un moi. Cependant vous n'avez jamais éliminé votre souffrance. Vous ne voulez pas non plus sortir de ces trois mondes et du cycle de la vie et de la mort. Vous ne pensez guère plus qu’à jouir de ce monde et à vous attacher à ses cinq plaisirs. Si vous ne désirez pas vous libérer des cinq plaisirs de ces trois mondes et briser le cycle de la vie et de la mort, vous n'êtes pas en mesure d'éliminer chacun de vos soucis, vous êtes des gens ordinaires et ne pouvez pas être appelés Bouddha. »

Le nom[46] et la forme[47] sont les deux dharmas qui incluent les cinq agrégats et les dix-huit éléments. Les cinq agrégats et les dix-huit éléments incluent eux-mêmes les six vijnanas racines, les six vijnanas objectales et les six autres vijnanas ; dans les six vijnanas racines, on trouve la vijnana manas, qui est une sorte de mental et qu'on appelle également la septième vijnana. Avec les six autres vijnanas elle forme au total sept vijnanas. Ces sept vijnanas, ainsi que le corps physique avec lequel elles sont en lien, forment les trois premiers agrégats : les ressentis, la pensée et l'action. Si l'on y ajoute le corps physique et les sept vijnanas, on obtient les cinq agrégats : le nom et la forme. Un arhat qui a anéanti son propre ego et s'est ainsi dégagé des malentendus sur le faux moi, à sa mort, cesse aussi de former ces cinq agrégats et ces dix-huit éléments, et seule lui reste la vijnana liée au nom et à la forme (qui n'est pas vide, comme l'affirment les nihilistes). La conséquence de cela est que l'arhat ne se réincarnera plus dans ces trois mondes. Les nihilistes n'ont pas découvert la juste connaissance de ce monde et, n'étant pas détachés de leur propre ego, ils continuent de vivre dans la souffrance. La théorie nihiliste explique pourquoi ces gens sont devenus des hérétiques. Les nihilistes ne peuvent pas conséquemment atteindre le niveau du Bouddha.

Le Bouddha a vraiment une grande sagesse, il a utilisé le concept des cinq agrégats, des dix-huit éléments et de la vijnana liée au langage et à la forme, pour expliquer les deux véhicules du hilayana et pour expliquer le nirvana. Avec ce même concept il a montré d’abord les erreurs des hérétiques éternalistes, puis il a démantelé les théories hérétiques des nihilistes. Ce concept permet d'entrer dans la voie de la libération, il est la base fondamentale du dharma dans le bouddhisme mahayana. Cependant pour une personne ordinaire ou pour des hérétiques, il est difficile de comprendre cela en profondeur.

Une certaine personne croyait dans la théorie du Maître Yin-Shun, et avait assimilé beaucoup de fausses idées à travers les écrits de ce maître. Elle avait même publié un livre qu'il avait intitulé « Sortie de l’aura du Bouddha Amitabha ». Je vous pose ) présent cette question : y a-t-il des gens parmi vous qui ont déjà lu ce livre? Levez la main... Ah, personne ne l'a lu? C'est très bien, cela veut dire que vous n’avez pas été corrompu par de mauvais enseignements. Cela signifie aussi que vous ne cherchez pas l'enseignement n’importe où.

L'auteur de ce livre n'a vraiment pas eu beaucoup de chance. Il explique dans son livre qu’il a vécu dans le centre de Taïwan, qu'il a pratiqué le bouddhisme et qu'il est devenu, avec sa femme, végétarien. Ces deux-là ont pratiqué le bouddhisme et, pour prévenir la malnutrition, ils ont acheté de l’huile de germe du riz, qu'ils ont utilisée pour la cuisson des aliments.

Qu'est-ce que l'huile de germe du riz? Après la récolte, il faut retirer le germe et la peau du riz. Une fois la balle du riz et la semence broyées, on obtient du riz blanc. La peau et la balle du riz en constituent ainsi des germes. Aujourd'hui les commerçants, plus intelligents, récupérèrent ces matières et appellent cela des germes de riz complet. Ces germes de riz complet sont vendus sous forme de farine, qu'on appelle poudres de germe de riz complet. C'est une affaire assez rentable pour les commerçants.

À l'époque dont je parle, les germes de riz étaient une chose très commune, mais d'aucuns savaient que ces germes étaient très nutritifs, en sorte qu'ils les ont récupérés en quantité importante, pour en extraire l’huile. C’était très populaire dans le centre de Taïwan de cuisiner avec de l'huile de germe de riz. L’auteur de ce livre, très intelligent, était aussi conscient que cette huile possèdait une grande valeur nutritive. Il en a donc consommé durant un long moment, mais le processus de raffinage de l’huile a mal tourné : les usines en effet utilisaient les PCB[48] pour désodoriser l'huile de germe de riz, mais ces désodorisants toxiques se sont mélangés avec l'huile à cause de fuites, sans que personne ne sache que notre auteur en avait ingéré pendant une longue période. Son organisme en a été très affecté. Cette histoire s’est déroulée il y a une trentaine d'années déjà. À l’époque, les journaux à Taïwan ne parlaient chaque jour que de ce sujet. Beaucoup des gens sont demeurés en mauvaise santé et souffrirent de malformations pendant très longtemps. La cause en était la contamination de l'huile. Notre auteur était l'un d'eux et lui-même en a souffert pendant une longue période.

L’auteur, au cours de sa pratique bouddhiste, a d’abord assimilé la méthode qui consiste dans le fait de prononcer le nom du Bouddha Amitabha[49]. Un peu plus tard, une tierce personne lui a recommandé d’aller dans un monastère en Miaoli, qui se trouve sur la Montagne Jiouhua. Là, il a pratiqué avec beaucoup d'enthousiasme auprès d’une nonne dont il a reçu une bénédiction surnaturelle. Son état de santé s'étant alors nettement amélioré, il a témoigné envers la nonne d'une vive reconnaissance. Lorsque, plus tard, cette nonne est venue à disparaître, il s'est rendu dans d'autres centres de méditations, afin de poursuivre l’étude du dharma. Il a finalement étudié avec le maître Yin-Shun dans son temple de Miao-yun-ji. Là-bas il a reçu de faux enseignements de ce maître, si bien que maintenant, il ne croit plus à la terre du Bouddha Amitabha, parce que selon le Maître Yin-Shun, le Bouddha Amitabha est une sorte d'adoration au soleil, mais qu'il n’existe pas réellement de Bouddha Amitabha, qu'il n'y a pas de terre pure à l'ouest[50], et que, s'il n'y a pas de Bouddha Amitabha, il n'est nul besoin de pratiquer la méthode évoquée plus haut.

L’auteur de ce livre ne croit absolument plus à la terre pure du Bouddha Amitabha. De nos jours, lui et les autres disciples de maître Yin-Shun adhèrent à l’école de Theravada. Dans son livre, il a noté : « Actuellement dans le sud de l’Océan Pacifique, il existe des maîtres arhats. ».

L’auteur enseigne aux gens à respecter ces maîtres arhats. Cependant en s'intéressant aux écrits et aux conférences de ces maîtres venus de Taïwan, on voit qu'il a largement exagéré au sujet de ces arhats. Cela prouve que ces maîtres ne sont toujours pas parvenus à dissiper leurs malentendus sur leur corps : aucun parmi eux n'a atteint le premier fruit d'arhat, aussi, comment notre auteur peut-il prétendre le contraire?

Pour quelle raison ai-je osé dire cela publiquement? Parce que les explications de ces disciples restent toujours figées dans l'idée que la conscience mentale est le vrai moi. Ils n'ont donc pas surmonté leur incompréhension au sujet du faux moi, et restent ainsi toujours prisonniers des trois nœuds et attachés à eux. Ils affirment dans leurs conférences et dans leurs livres que la pratique tient dans le fait de maintenir l'esprit éveillé tout le temps, et ils apprennent aux gens à rester toujours en éveil, que cet état d’éveil doit être toujours très clair et sans que s'opère le moindre détachement vis-à-vis de ces six vijnanas objectales. Ils disent que cet état de conscience doit être maintenu en état d'éveil, et que pour entrer en nirvana, il faut que n'apparaisse pas la moindre pensée.

Alors maintenant, si vous pouvez entrer en nirvana dans cet état éveillé, les trois sceaux du dharma doivent être réécrits ; le Bouddha a dit que l'éternité est le nirvana, et que ce nirvana est calme et silence absolu. Or, si vous pouvez entrer en nirvana dans cet état éveillé, en d'autres termes, si une personne entrée en nirvana reste dans cet état de conscience éveillée, cela revient tout simplement à dire que ce niveau de nirvana ne vaut pas même le quatrième niveau de dhyana[51]. Pourtant dans cet état, il y a encore de la conscience.

Ainsi, si vous pouvez entrer en nirvana avec cet état de veille et de conscience, cela signifie que le nirvana n'est plus le silence absolu.

Le Bouddha a dit également que tous les phénomènes et tous les dharmas sont impermanents et qu'il n'existe pas de moi. Si cet état de veille consiste à avoir conscience du moi, si vous êtes capable d'entrer en nirvana dans cet état, alors c'est que dans le nirvana il existe une conscience du moi. Or cet état de conscience mentale éveillé est considéré par les gens ordinaires comme le véritable moi.

Le Bouddha a dit que tous les dharmas et tous les phénomènes sont éphémères.

Ceci étant dit, pour que la conscience mentale puisse exister, le cerveau doit impérativement produire une activité mentale et des pensées. Néanmoins, même quand vous n'avez pas de pensées, le cerveau est en activité. Beaucoup de gens ne comprennent pas la souffrance. Ils croient que s'il n'y a pas de pensées, il n'y a pas de souffrances. Ils raisonnent de la manière suivante : « Les changements de la pensée produisent la souffrance ; la souffrance provient de la pensée. Quand vous n'avez plus de pensée, vous n'avez plus de souffrances. » Mais ce n'est pas parce que vous n'avez pas de pensées délirantes que votre cerveau ne fonctionne plus ! Dans les faits, la pensée est l'un des cinq agrégats. Lorsqu’on ne pense pas, notre cerveau, le mental continue de fonctionner. Même chez un arhat qui se trouve dans l'état du samadhi de cessation[52], la vijnana manas est toujours en activité : ce n'est pas une cessation authentique.

On sait bien que, lorsque la conscience mentale est éveillée, le cerveau travaille. On peut donc répondre à l'affirmation : « en état de veille on peut entrer en nirvana », que le nirvana dont ces gens parlent ne correspond pas au nirvana sans reste qu'évoque le Bouddha, car le leur est soumis encore au fonctionnement de la conscience mentale, tandis que le nirvana du Bouddha est entièrement libre de la conscience mentale.

Si vous continuez à suivre les enseignements de ces maîtres de l’école du theravada, vous les entendrez soutenir que vous pouvez entrer dans le nirvana sans reste avec la conscience mentale. Leur nirvana sans reste doit être manifestement impermanent, car si la conscience mentale fonctionne toujours, alors le nirvana sans reste est nécessairement un dharma transitoire. Il ne correspond manifestement pas au nirvana sans reste dont parle le Bouddha. En fait, parmi les maîtres dits arhats du sud de l'Océan Pacifique qui ont été cités dans son livre, je peux affirmer qu'il n'en est aucun qui le soit effectivement. Peut-être cependant en existe-t-il de vrais, et qui y soient inconnus ; mais, personnellement, je n'en ai pas encore rencontré jusqu'à présent. Toutefois, je préfère croire qu'il y en existe encore. On ne doit pas être guidé par les propos d'un autre, sans chercher à savoir et sans rien vérifier. Ce qui ne doit pas empêcher les bouddhismes Theravada et Mahayana de respecter les trois vérités universelles[53].

La théorie du chemin de la libération est un concept de base. Il existe des maîtres qui se prétendent bouddhistes et qui pourtant ignorent encore ces bases. Comment alors pourraient-ils comprendre le chemin plus avancé du bodhisattva ?

Les lamaïstes ont toujours montré aux gens que leurs enseignements étaient bien supérieurs aux autres et qu'ils étaient bien plus merveilleux. Ils affirment souvent, d'ailleurs, que le nirvana et la réincarnation ne sont pas divisibles. Mais ils se trompent très lourdement sur la signification de ces termes : ils expliquent que, durant la méditation, quand il n’y a pas de pensée, nous entrons en l'état de nirvana, et que c'est en demeurant dans cet état que l'on peut comprendre que le nirvana et la réincarnation sont indivisibles. Si cet état est le nirvana, il est alors très facile d'y accéder.

Si vous pratiquez la méthode qui consiste à vous souvenir sans discontinuité du Bouddha sans image, et qu'ensuite vous fassiez disparaître cette pensée, vous êtes alors dans l’état de non-pensée et dépourvu d'image. Vous pouvez alors de cette manière entrer dans l'état de nirvana et devenir un arhat. Leur nirvana est donc très facile. Je comprends pourquoi les maîtres du lamaïsme disent souvent qu'ils ont atteint le niveau de nirvana et qu’ils sont détachés de ces trois mondes.

Leur état de nirvana, je vous laisse y réfléchir : lorsque vous méditez, on suppose que vous n'avez plus de pensées ; cependant il suffit que naisse un bruit extérieur pour que votre tête, prenant conscience de ce bruit, l'associe ensuite au monde extérieur. Dans ce cas votre nirvana n'est absolument pas le silence absolu, ce qui entre en contradiction avec ce que le Bouddha a affirmé, à savoir que le nirvana est silence absolu.

Certaines personnes cependant peuvent croire encore à cette supercherie, si elles raisonnent de la manière suivante : «lorsque j'ai atteint le deuxième niveau de méditation de dhyana, j'ai atteint l'état de nirvana, car dans cet état il ne me reste plus que la conscience mentale, et qu'il n'y a plus de connexion avec les cinq vijnanas objectales, ni avec les cinq autres vijnanas, ni même encore avec le monde extérieur. En conséquence, c’est le silence absolu : j'entre en nirvana. »

Pensez-vous que si la conscience mentale n'a aucun contact avec les cinq vijnanas objectales, c'est le signe que vous avez atteint le silence absolu? Il s'agit d'une erreur, l'argument du Bouddha étant le suivant : quand vous êtes conscients, votre conscience mentale est éveillée, si bien que ce n’est plus le silence absolu, puisqu'il existe encore une certaine forme de conscience en soi, celle en l'occurrence qui vous permet de savoir que vous existez.

Dans le nirvana il n'y a plus la conscience du moi, ni de conscience mentale, ni de vijnana manas : c'est cela qu'on appelle le nirvana sans reste, c'est le silence absolu.

Ces maîtres « arhats » du Pacifique ignorant ce qu'est le nirvana, comment peuvent-ils comprendre le bouddhisme? D'ailleurs, comment peuvent-ils seulement être appelés arhats? Comment peuvent-ils expliquer la manière dont il est possible d'entrer en état de nirvana, tout en demeurant en état de veille? Les gens qui n'ont pas anéanti leur malentendu concernant le moi, n'ont pas même atteint le premier fruit d'arhat. Comment alors leur serait-il possible de certifier ce même niveau d’arhat? Nous savons que le chemin de la libération est l'enseignement le plus élémentaire du bouddhisme, et que malheureusement, aujourd'hui, à la fin de la période de l'enseignement du Bouddha, les maîtres « arhats » du Pacifique n’ont toujours pas compris cet enseignement fondamental du Bouddha, sans parler des nombreux lamaïstes qui prétendent qu'ils sont des Bouddhas vivants ou des rois du dharma, et qui poursuivent leur pratique du dharma impermanent, celui-là même qui les empêche de sortir du samsara.

Dans l’école du Mahayana (on parle surtout, ici, de la Chine continentale et de Taïwan) il y eut au cours de ces dix dernières années, une personne qui prétendit avoir atteint le deuxième ou troisième fruit d'arhat. Pourtant, lorsque l'on étudia ses livres et ses conférences, on s'aperçut qu'il s'y trouvait beaucoup d’erreurs et que leur auteur n’avait pas même atteint le premier fruit. Dans ces écrits il est dit la chose suivante : « À l'instant de vous réveiller, vous vous trouvez dans un état de somnolence, sans pensée. Cette conscience n’a pas de pensée. Cet état de conscience est le véritable moi, celui qu'on nomme « Tathagatagarbha », et si vous pouvez maintenir cet état en permanence, vous atteignez l'illumination, c'est-à-dire que vous obtenez le fruit de la pratique. » Certaines personnes pensent et affirment que c'est ainsi qu'est la pratique et, partant, affirment avoir le niveau d'arhat . Ces personnes en expliquent alors les principes à leurs propres disciples. C'est en vérifiant que leurs disciples savent identifier cet état de conscience, que ces personnes s'autorisent à affirmer que ces disciples ont obtenu ou non les trois premiers fruits d'arhat. Cependant ces personnes sont encore attachées à leurs idées fausses concernant la nature du moi, et prennent la conscience mentale pour un dharma durable. Mais s'ils n'ont pas anéanti leurs illusions au sujet du moi, ils ne peuvent même pas atteindre le premier fruit d'arhat. Aussi, ces gens n'ayant toujours pas le premier niveau d’arhat, comment peuvent-ils certifier celui de leurs disciples?

Le Bouddha a dit que lorsque la conscience mentale est vide de toute pensée, on demeure cependant toujours dans la conscience élémentaire du monde du désir. Lorsque l'on est dans cet état, cette conscience mentale correspond, selon les hérétiques éternalistes, au vrai moi.

Si l'on est toujours attaché aux malentendus relatifs à notre compréhension du moi, on est loin d’être arrivé au premier fruit d’arhat. Comment peut-on alors certifier que d'autres personnes ont atteint tel fruit d'arhat ? On est, à notre époque, à la fin de l'enseignement du Bouddha, et obtenir le fruit du chemin de libération n'est pas si facile qu'on croit.

On a besoin d’un véritable enseignant pour nous guider et pour nous expliquer en détail l'enseignement du Bouddha. On a besoin d'un enseignant qui nous décrive le vrai sens du chemin de libération. De la sorte, on peut facilement, après avoir bien compris la théorie et le vrai sens du chemin de libération, se détacher de nos illusions au sujet du vrai moi et des trois nœuds, et atteindre le premier fruit d'arhat. Par la suite on se détachera des cinq nœuds supérieurs[54] pour atteindre le quatrième niveau de grand arhat.

Dans les deux véhicules de l’école du Theravada, si l'on veut réussir sur le chemin de la libération, il faut être conscient de la vraie nature du moi, c'est-à-dire qu'il faut briser le malentendu sur la nature du moi, afin de ne plus avoir de lui une vision confuse, de ne plus avoir de doute sur ce qu'il est. Il existe aussi une autre signification dans le Sutra Agama. Le Bouddha a dit qu'il n'y a plus alors la moindre vision confuse sur la nature du grand maître.[55] En d'autres termes, lorsque le srôtâpanna a éliminé ses malentendus sur le moi, il est capable de reconnaître les maîtres authentiques, parce qu'il n'a aucun doute sur le chemin à emprunter, qu'il a la connaissance juste et qu'il est en mesure de déterminer si tel enseignant a dissipé ou non ses malentendus sur le moi. Ainsi la personne n'a-t-elle aucun doute sur ses connaissances dans le domaine du bouddhisme. Il n'a plus de doute sur ses propres jugements : il lui suffit d’entendre la conférence ou le livre d’un maître sur le sujet de la libération ou sur le nirvana, et il saura immédiatement si ce maître a éliminé ou non ses illusions au sujet de son propre moi. Elle a acquis la certitude qu'un maître a brisé ou non ses malentendus sur le moi. Elle n'a plus de doute sur sa connaissance, parce que tout lui est clair : elle ne doute plus de la nature du chemin de la libération. Elle sait, et ne peut plus hésiter ni se tromper dans son jugement. C'est ce que nous appelons la rupture de la vision confuse.

Si la personne n'est plus sujette à une compréhension erronée du faux moi, elle n’a plus de vision confuse, elle ne tombe plus dans l'opinion ou l'interprétation erronées concernant la pratique.

En outre, les hérétiques ont installé de nombreuses disciplines ou de mauvais rituels, dont voici quelques exemples: si vous êtes parvenus au niveau du Bouddha, il faut vous baigner trois heures par jour, ou bien vous asseoir toute la journée sans vous allonger et sans dormir, ou encore manger des fruits tombés à terre, et ne pas récolter les fruits des arbres, etc.

Ces inutiles méthodes relatives à la discipline proviennent d'une interprétation erronée de l'enseignement ou d'un manque de connaissance. C'est cela qu'on appelle, mauvaise interprétation concernant la pratique. Un pratiquant qui a atteint le premier fruit d'arhat, qui n'a plus de malentendus concernant la nature du vrai moi, n’a plus de vision confuse. Il est capable également de dire la cause des mauvaises disciplines instaurées par les hérétiques : elles sont liées au fait que les hérétiques n'ont pas la connaissance juste, qu'ils n’ont pas brisé leurs malentendus au sujet du moi, et qu'ils n'ont toujours pas saisi le vrai sens du chemin de la libération. Ils en font une mauvaise interprétation, inventent des pensées erronées et conçoivent de faux rituels liés à la pratique. Tout ceci n'a rien à voir avec la pratique de la libération. Un arhat qui a obtenu le premier fruit comprend cette situation ; il a rompu avec toutes ces mauvaises interprétations et ces rituels impropres liés à la pratique, car il a dissipé sa vision confuse, c'est-à-dire les trois nœuds. Les ayant déliés, il a atteint le premier niveau d'arhat : Srotapana.

Un srotapana sait clairement qu'il a atteint les premiers fruits du chemin de la libération, il a compris que pour atteindre le premier niveau du chemin de la libération, il fallait briser ses malentendus sur le moi, et ce, sans avoir eu besoin de plonger dans l'eau, de manger les fruits tombés de l'arbre ou de passer du temps sans s'allonger par terre et sans dormir. Comme il n'a plus de mauvaise compréhension du moi, il a atteint le niveau de srotapana et a parcouru ainsi une partie du chemin de la libération. C'est cela qu'on appelle atteindre la connaissance juste. Par la suite, il doit étudier plus en profondeur et mettre en pratique cette connaissance afin de s'affranchir de l'avidité, de la colère et de l'ignorance. Il s'agit d'abord de réduire la toxicité de ces trois poisons. Y ayant réussi, le pratiquant atteint un état où les plaisirs ne sont plus que de faible intensité. À ce stade il a peu de désirs et s'il continue d'étudier, il finira par rompre les cinq nœuds inferieurs.

C'est quand il a réussi à se détacher totalement qu'on dit qu'il a atteint l’état de non-attachement au monde du désir. À ce niveau, le pratiquant n'a plus aucun attachement pour les plaisirs, il goûte au troisième fruit et continue de pratiquer en vue de briser les cinq nœuds supérieurs.

En brisant les obstacles les plus subtils des trois mondes, il sort du cycle de la réincarnation des trois mondes. Or, sortir de la vie et la mort, c’est le chemin de libération des deux véhicules. Nous devons considérer que cette personne a le niveau complet[56]. On lui donne le nom de grand arhat, c'est-à-dire celui qui ne rompt pas les règles établies par le Bouddha. Il est également connu comme étant le « meurtrier de voleurs » car les inquiétudes liées à la vie et à la mort dans ces trois mondes sont comme des voleurs[57]. Par conséquent, les dieux des trois mondes le soutiennent en lui offrant de la nourriture, car ils le jugent digne de ces offrandes, qu'il est considéré comme un saint au-delà des trois mondes. Tout ce qui vient d'être exposé correspond au chemin de la libération dans le bouddhisme des deux véhicules de l’école de Theravada, et il est également appelé le premier nectar.

Le chemin de la libération de l'école Theravada est commun à celui de l'école Mahayana, parce que les pratiquants de l'école Mahayana doivent aussi passer par le chemin de la libération. Autrement dit, lorsqu'une personne prend le chemin de la libération selon le Mahayana, lorsqu'elle obtient un fruit quelconque de la pratique, elle obtient en même temps le fruit du chemin de la sagesse. Si elle atteint l’illumination dans l’école du Mahayana, c'est qu'elle a brisé les malentendus sur le moi : elle sait que la conscience mentale, ainsi que le mental capable de prendre des décisions[58], ne sont pas le vrai moi. De même, quand elle a mis un terme à l’ignorance sans commencement (samsara), elle brise en même temps les malentendus sur le moi.

Lorsque cette personne, alors qu’elle progresse sur le chemin de la libération, met fin à l'ignorance, ce qu'on appelle ici « ignorance » se définit, dans l’école Mahayana, comme « l'ignorance reflétée dans chaque pensée ». D'où vient cette ignorance reflétée dans chaque pensée ? Eh bien, des malentendus sur le moi. Mais pourquoi l'appeler « l’ignorance reflétée dans chaque pensée? » Il s'agit seulement d'un phénomène, d'un phénomène pur et simple : dans un état sans pensée, il peut survenir tout à coup une nouvelle pensée dont la personne ne connaît pas l’origine. Cette pensée pourra causer, plus tard, certains problèmes. En conséquence, cette pensée retient tous les êtres sensibles dans le cycle de la réincarnation de la vie et de la mort. C'est pourquoi nous l'appelons « l'ignorance reflétée dans chaque pensée ».

Dans le Mahayana, le concept d'ignorance reflétée dans chaque pensée est divisé en quatre types de troubles « résidents » :

Le premier type concerne l'ensemble des malentendus sur le moi, malentendus causés par une méconnaissance ou par une pensée erronée qui soutient que la conscience mentale est le vrai moi. Le fait d'entretenir ce point de vue erroné et de persister dans cet état est ce que nous pouvons appeler « l'état de malentendu sur le moi ».

Le deuxième type de trouble peut être nommé, « attachement au désir d'avoir toujours davantage dans le monde du désir ». Il est relié, dans ce monde du désir, aux cinq vijnanas objectales : l'argent, l’apparence, la célébrité, la nourriture, le sommeil. Pour les cinq organes sensoriels il existe d'autres attachements : la forme, le son, le goût, l’odorat, la toucher. Le principal désir, pour les hommes et les femmes, est le désir sexuel.

Le troisième type de trouble, appelons-le « attachement persistant au monde de la forme, qui consiste à vouloir y demeurer ». C'est le fait de vouloir demeurer dans l'état où l'on se trouve lorsqu'on est en état de méditation. Les personnes qui vivent dans ce monde de la forme sont attachées aux dharmas opératoires, c'est-à-dire à des pouvoirs surnaturels et à d'autres bénéfices offerts par l'état de samadhi de ce monde. C’est cela, l’attachement aux différents états du monde de la forme ».

Le quatrième type de trouble est « l'attachement au monde sans forme qui consiste à vouloir y demeurer ». Dans un certain sutra, il est appelé « l’attachement à sa propre existence dans le monde sans forme ». Qu'est-ce que cela veut dire? Avant tout, quelle est la signification du mot « attachement » dans ce sutra ? Depuis l'antiquité, il y a bien des gens qui pratiquent les huit niveaux de samadhi et les quatre niveaux de dhyana propres à la méditation. Beaucoup d'entre eux avaient atteint un bon niveau, mais ils ne pouvaient toujours pas sortir du cycle de la réincarnation de la vie et de la mort, parce qu'ils éprouvaient encore de « l’attachement ». Qu'est-ce que cet attachement ?

La personne qui se situe au quatrième niveau de dhyana a éliminé toutes les pensées ordinaires, mais il lui reste une pensée très subtile, qui est libre de toutes les autres pensées. C'est en fait une conscience, une conscience très subtile qui demeure attachée au monde sans forme. Si la personne ne veut pas briser cet attachement à la conscience mentale, il lui est impossible d'entrer en nirvana, et donc impossible de sortir de ces trois mondes et du cycle de la vie et la mort. Si le pratiquant peut trouver un véritable maître pour l'enseigner, et qu'il suive vraiment ses paroles, il pourra un jour mettre fin à cet attachement qui le retient dans cette conscience subtile dont nous venons de parler. Le pratiquant qui a atteint le quatrième niveau de dhyana a chassé toutes les pensées, excepté cette pensée extrêmement subtile. Celle-ci peut faire l'objet d'un attachement au monde sans forme et l'empêcher d'entrer en nirvana. Ce n'est alors qu'au moment d'achever sa vie, que la pratiquant, ayant détruit son ego, pourra entrer en nirvana sans reste.

Si une personne peut se détacher de ces quatre types de troubles et prendre le chemin de la libération de l'école Mahayana, elle sera sans aucun doute un bodhisattva et n’aura plus rien à apprendre.

Les chemins de la vraie intelligence et de la sagesse n'existent que dans le bouddhisme Mahayana. De quoi s'agit-il ? Il s'agit de la recherche du tathagatagarbha, de l'étude des sutras, enfin de l’analyse, à partir d'une réflexion profonde, de la réalité du monde du dharma de tous les êtres sensibles présents dans tous les espaces et dans tous les temps : c'est la huitième vijnana, qu'on nomme également tathagatagarbha. Quand une personne s'est identifiée à son vrai moi, il va naître en elle au même instant la sagesse générale, et plus tard la sagesse des graines. Cependant les saints des deux véhicules qui ne souhaitent pas suivre le chemin des bodhisattvas, ne sont pas en mesure de comprendre cette véritable sagesse.

Sur le chemin de la sagesse, il faut d’abord parvenir à l’illumination, parvenir à voir la nature de Bouddha à chaque instant. Prenons l'histoire d’un arhat qui avait mis un terme à ses malentendus sur le moi. Il s'était par la suite détaché de son propre ego, et savait dès lors qu’il serait en mesure, plus tard, d'entrer dans le nirvana sans reste. Un jour, cet arhat s'est interrogé à propos de lui-même : « j’ai mis fin à mes malentendus sur le moi, je ne suis plus attaché à mon ego, j'ai atteint le niveau de grand arhat, je suis entré en nirvana avec reste, et quand je mourrai je pourrai entrer en nirvana sans reste. Or, au sein même de ce nirvana, il n’y plus la moindre manifestation de ma conscience mentale, il n’y a plus de conscience, ni de manifestation du moi. Dans ce nirvana il n’y a plus de moi ni de conscience mentale. C’est comme si tout était éteint. Donc, l'état de nirvana est le vide total. Cela signifie que l'état de nirvana est totalement vide, ce qu’affirment précisément les nihilistes. Dans ce cas suis-je un nihiliste ? Aussi, quelle est la différence entre la pratique des nihilistes et la mienne ? »

Au moment de se poser cette question, cet arhat jugea que ce problème très sérieux : comment était-il possible que la pratique du bouddhisme fût identique à celle des nihilistes ? Ce n'était pas possible. Il dut en conséquence aller trouver le Bienheureux Bouddha afin d'obtenir la réponse à sa question.

Lorsqu’il posa la question au vénérable Bouddha, celui-ci lui fit immédiatement cette réponse :

« Ce monde de la forme et de l'image est étroitement lié à la huitième vijnana. Sans elle, le monde de l'image, de la forme, du désir, de l'attachement, tous ces mondes ne peuvent exister. Concernant les deux concepts que sont le nom et la forme : le nom renvoie aux agrégats du ressenti, à l'identification des perceptions, au processus grâce auquel nous agissons, parlons et pensons, ainsi qu’aux vijnanas : la vue, l’ouïe, le goût, l’odorat, le toucher et la conscience mentale. À ces six vijnanas, s'ajoute la septième vijnana manas. Il y a donc au total sept vijnanas.

Quand un arhat entre en nirvana sans reste, il doit d’abord détruire ses sept vijnanas. Dans le même temps sont alors anéantis les cinq organes sensoriels, les six vijnanas objectales et les dix-huit éléments. Conséquemment, les concepts de nom et de forme disparaissent lorsque tous ces éléments ont disparu. Cela ne signifie pas pour autant que dans le nirvana sans reste, il n'existe plus rien. Mais il n’est pas complètement vide. La huitième vijnana est liée au nom et à la forme[59], elle existe toujours : c’est la fameuse huitième vijnana, qui ne pense pas et n’est pas attachée aux dharmas. La huitième vijnana est silence absolu, elle est l’état de nirvana sans reste. Elle existe vraiment. Nirvana ne signifie pas qu'il n'y a absolument rien. »

L'arhat, après qu'il eut entendu l'explication du Bouddha, prit conscience que le nirvana sans reste n’est pas l’état du vide et il s'en trouva apaisé.

Cependant, certains moines qui n'ont toujours pas étudié correctement l'enseignement du Bouddha, ne connaissent pas la vérité ; ils ont conservé leurs illusions sur le dharma et ne l'envisagent pas comme il faut. Prenons un exemple cité dans le Sutra Agama :

Un moine nommé Yamaga, un jour, bavardait avec d'autres moines. Il leur déclara: « Selon ce que je sais, un arhat, quand il est rentré dans le nirvana sans reste, se trouve dans un état qui correspond au vide complet. La vacuité est la réalité de la nature de tous les dharmas ». Parmi les moines qui avaient écouté ce propos de Yamaga, certains n'étaient pas d'accord, parce qu'ils avaient entendu l'enseignement du Bouddha ou du Vénérable maître Śāriputra[60]. Ils savaient que le nirvana n'est pas vide. Ils avertirent alors Yamaga : « Non, vous n’avez pas compris l'enseignement du Bouddha, vous êtes en train de calomnier le Bouddha. C'est de la diffamation, et à cet égard vous commettez une faute grave ! ». Mais le moine Yamaga continua de nier l'enseignement du Bouddha, et d'argumenter de plus en plus en faveur de sa propre idée. Il continua de la sorte : « Ce que je sais, c'est que lorsqu'un arhat entre dans le nirvana sans reste, il se trouve dans un état de vide total. La vacuité est donc la loi fondamentale de la nature ».

Les autres moines n'ayant trouvé aucun moyen de dissuader Yamaga, ils rapportèrent cette affaire au vénérable maître Śāriputra. Celui-ci retrouva le moine Yamaga et lui demanda: « Avez-vous dit que l'état de nirvana est totalement vide? » Et Yamaga moine répondit: « Oui, je pense en effet que l’état de nirvana est vide ! ». Le vénérable Śāriputra lui posa ensuite plusieurs questions. Il lui fit comprendre qu'il y a une vijnana qui n'est pas vide et qui est durable au sein de cinq agrégats et des dix-huit éléments, que le nirvana n'est absolument pas vide, que la huitième vijnana est toujours présente dans le nirvana sans reste, que tous les dharmas ne sont pas vides. Par la suite, Yamaga étudia les paroles du maître Śāriputra et observa son propre comportement, et il finit par s'affranchir de ses malentendus au sujet du moi, et par se détacher de son ego. Il est ainsi arrivé au niveau d’arhat. Regardez ! Ce moine a d'abord nié l'enseignement du Bouddha, puis il est arrivé au niveau d'arhat ! S'il a atteint à cela, c'est parce que dans ses vies passées il avait semé de nombreuses bonnes graines et avait fait de nombreuses bonnes actions dans la pratique du hilayana. Ainsi, dans cette vie, il a pu trouver un grand maître, et avec son aide, il a cessé d'être prisonnier des illusions qui peuplent les théories des hérétiques, et il est sorti du piège de la théorie de la vacuité. Il a pu comprendre que le vrai nirvana n'est ni vide ni plein, mais qu'il est le véritable chemin du milieu.

Il a compris que le nirvana était le chemin du milieu, que l’alayavijnana était liée au monde dans lequel existe le concept de nom et de forme ; sans la huitième vijnana alayavijnana, ce monde n'existerait pas[61]. Il a compris le sens du mot « alayavijnana », et a vu également que la vijnana manas était la septième vijnana, laquelle est une vijnana racine sans forme, autrement dit, qu'il s'agissait du mental. Alors il a réalisé qu’il existe une autre vijnana éternelle, de laquelle dépendent le nom et la forme, et qu'elle est durable, éternelle, sans fin. Mais au moment de ce récit, il ne sait pas encore ce qu’est l'alayavijnana. En la trouvant, il deviendra un véritable bodhisattva, et il ne souhaitera plus entrer dans le nirvana sans reste. Certains arhats qui possèdent en eux des graines karmiques de bodhisattvas, se comportent déjà comme des bodhisattvas : ils éprouvent une grande compassion, ils veulent comprendre la réalité du dharma et s'en vont étudier plus en profondeur l'enseignement du Bouddha. Le Bouddha leur transmettra alors la sagesse et l'enseignement à propos de la réalité de la vie.

À propos de la sagesse, Maître Yin-Shun a dit: « La sagesse signifie que tous les dharmas sont vides. La vacuité est l’ultime réalité du monde[62], seuls existent les termes relatifs aux choses, non les choses elles-mêmes. » Il a créé ensuite son concept de la sagesse : la sagesse, c’est comprendre la vacuité, c'est-à-dire que tous les dharmas, les cinq agrégats et les dix-huit éléments sont vides, que tous les enseignements de Bouddha sont également vides, qu'il n'est rien de réel ; que toute chose meurt. Le fondement principal de la sagesse, c’est que tout est vide, et la sagesse pour lui se résume à une rhétorique de la vacuité.

Si cela peut être appelé le dharma bouddhiste, le dharma bouddhiste va devenir un rhétorique, un nominalisme, un discours sans contenu. Le maître Yin-Shun a donc très mal compris l'enseignement bouddhiste, et nous ne pouvons pas recevoir son argument. Cet enseignement est absurde, pourtant il y a encore des gens qui croient en sa théorie : c’est très étrange!

Le Maître Yin Shu a commis une erreur considérable, car dès le début il avait mal appréhendé l'enseignement. Dès le début il avait été influencé par l'école de Prasanghika Madhyamaka. Il avait appris l’enseignement du maître Candrakirti, de Ye-she-sde, de Shantidéva, en Inde, puis des maîtres tantriques tibétains, comme Atisha, Tsongkhapa, Tuken, et d'autres enseignants encore. C'est pourquoi il a développé cette vision erronée, puique ces maîtres eux-mêmes avaient mal interprété l'enseignement originel du Bouddha, et qu’ils avaient pensé que les sutras agama n'avaient jamais mentionné la septième ni la huitième vijnanas. En sorte qu’ils ont cru seulement dans l’existence des six premières vijnanas. Comment peut-on prendre ces théories comme des bases de recherche fiables, si nous arrivons à cette conclusion absurde que tous les dharmas sont vides, et que la sagesse n'est rien d'autre que l'étude de ce qui permet de mettre en mots la vacuité. Cette théorie est une ineptie!

Dans la sagesse du sutra mahaprajnaparamita, le Bouddha a dit qu’il existait un cœur de bodhisattva appelé « cœur qui ne pense pas », ou bien « cœur qui n’a pas d'image, pas de la mental ». Le sutra prajnaparamita dit également qu'il y a un cœur de bodhisattva qui lui a permis d’obtenir la sagesse. Ce cœur est appelé aussi « cœur qui n’est pas comme un cœur ordinaire » ou « cœur sans cœur ». Le Bouddha explique toutes les sagesses en se fondant sur les propriétés de ce cœur. Le sutra explique que tous les enseignements qui concernent la sagesse ne sont que des manifestations de ce cœur. Ce cœur existe vraiment, c'est un dharma sans commencement ni fin. C'est le vrai chemin du milieu, lequel renferme huit négations[63]. Cela n’a rien à voir avec cette « rhétorique » de la vacuité. La nature de ce cœur est vide. Comment peut-on expliquer la sagesse sans tenir compte de ce cœur qui est mentionné dans les sutras prajnaparamita? La sagesse n’est pas une étude rhétorique de la vacuité. La sagesse repose sur la propriété de la huitième vijnana qui contient les huit négations. C'est là le vrai chemin du milieu.

Pourquoi ce cœur des bodhisattvas est-il appelé « cœur sans aucune pensée »? Avant d'expliquer ce cœur, nous devons d’abord expliquer ce qu'est le cœur « ordinaire ». Comment est-il, ce cœur ordinaire commun à tous les êtres? Il est toujours agité par la pensée ; il pense sans cesse, jour et nuit, à certaines choses, puis à leurs contraires, il s’attache toujours à toutes choses. Mais les bodhisattvas, selon les sutras prajnaparamitas, ont compris que ce cœur qui n'a pas de pensées n'est pas, en fait, tourmenté par les cinq désirs du monde du désir. Il ne s'attache pas aux dharmas du monde de la forme, ni à ceux du monde sans forme. Il ne songe pas davantage à sortir de ces trois mondes, parce qu'il est nirvana. Étant nirvana, il ne se préoccupe pas de toutes les manifestations qui s’opèrent dans le monde. C'est pourquoi on l’appelle « le cœur sans aucune pensée ». Ce fameux cœur, il n’y a que le bodhisattva qui puisse le comprendre. Les saints des deux véhicules de l’école Theravada en sont incapables. Le Bouddha a dit que ce cœur était le chemin du milieu. Il est aussi le thème principal des sutras prajnaparamita. Le Bouddha a dit que tous les bodhisattvas, après qu'ils avaient trouvé ce cœur, pouvaient expérimenter les propriétés du chemin du milieu[64]. Cela est le véritable chemin du milieu, dont on prend conscience en observant que les cinq agrégats et les dix-huit éléments sont vides. Ce n'est pas la même chose que l'enseignement exposé par le maître Yin-Shun, qui a nié totalement l’existence de ce cœur, avant de parler de la vacuité et de dire que tous les dharmas naissent après que les conditions ont été remplies, bien qu'ils soient vides par nature. Il s'agit d'une vue et d'une interprétation erronées de la prajna. Il a pensé que l'étude de la sagesse dans le prajnaparamita était l’étude de cette « rhétorique » de la vacuité. La vérité est que le maître Yin-Shun n'a pas saisi les intentions du sutra prajnaparamita, et qu'il en a fait des commentaires qui ne tenaient pas compte du contexte et falsifiait ce faisant l'enseignement du bouddhisme.

Le sutra mahaprajnaparamita explique que ce cœur est une chose bien réelle. Il est appelé également « le cœur sans présence du mental ». Les bodhisattvas en ont compris la réalité. Notre cœur « humain » est un cœur qui dispose d'une conscience. Il peut voir, il peut entendre, il peut avoir des idées, il peut aussi prendre des décisions. Le véritable cœur tels que l'ont compris les bodhisattvas, est un cœur qui, dans la mesure où il n'a pas de pensée et qu'il est très au-delà de la conscience mentale, ne s'attache pas aux différents dharmas ni ne les pense, et ne prend aucune décision. C’est un cœur qui ne dispose pas des fonctionnalités propres au cœur humain. C'est pourquoi nous l'appelons « le cœur sans aspect du mental ». Les bodhisattvas, en se basant sur les propriétés du chemin du milieu, c'est-à-dire sur ce cœur sans mental, ont pu expliquer que les cinq agrégats, les dix-huit éléments et les douze entrées sont tous vides. Ce qui n'empêche pas ce cœur dont nous parlons, d'exister bel et bien. Le Bouddha utilise ce cœur qui n’a pas de pensée, de conscience mentale, d’aspect de mental, pour expliquer les sutras Mahaprajnaparamita.

Dans les sutras Mahaprajnaparamita, le Bouddha a dit : « des cinq agrégats, des six sens, des douze entrées et des dix-huit éléments, tout est impermanent ; il n’y existe pas d'individualité, de vie éternelle, ni d'êtres sensibles ou d'individualités immortelles. Il ne s'y trouve aucun moi durable ni rien de durable. C'est pourquoi tous les dharmas sont vides ; cependant la naissance, le décès et les dix-huit éléments ne peuvent exister que sur la base d'un cœur qui, lui, n'est pas vide. Ce n'est pas un cœur ordinaire, c'est un cœur dépourvu de mental. La sagesse qui explique que tous les dharmas sont vides, si elle ne tient pas compte de l'existence de la huitième vijnana, est un leurre. Ce cœur n'est ni existence, ni vide, elle n’est ni permanente ni nihiliste, ne naît pas et ne meurt pas, n'est jamais venue et n'est jamais partie. Elle n'est pas identique aux cinq agrégats, et n'en est pas différente. » C'est ainsi qu'on explique le vrai chemin du milieu, selon la parole du Bouddha . La sagesse a été expliquée dans les sutras mahaprajnapramamita et prajnapramamita. Ainsi la sagesse parle-t-elle du dharma de la réalité. Elle n’est pas seulement un mot ou une expression pour expliquer que ce monde est vide et que nous vivons dans un monde d'illusion. Maître Yin-Shun, comment donc pouvez-vous avoir recours à un dharma qui n'existe pas pour démontrer que le monde est vide, et comment pouvez-vous imaginer que la sagesse ne soit qu’une étude rhétorique de la vacuité?

Les cent mille strophes du sutra astasahasrikaprajnapramamita renferment des explications du Bouddha au sujet de ce cœur, de ce cœur qui est sans mental. Tout est basé sur son existence. Ce cœur sans mental, dont les propriétés sont de n'être ni identique, ni différent, ni permanent, ni impermanent, ni né, ni mort, de ne pouvoir être ni augmenté, ni diminué, de n'être ni sale, ni propre, ni en train de partir, ni en train de venir, permet d'expliquer que les cinq agrégats, les six sens et les dix-huit éléments sont impermanents, souffrance, vides et dépourvus d'un moi. La présence de ce cœur est la condition préalable pour les gens désireux de comprendre la réalité de ce monde en se basant sur celle de ce cœur, et pour faire naître la sagesse. La présence de tathagatagarbha est la condition préalable pour expliquer que tous les dharmas sont vides. Cette idée est différente de ce qu'affirmait comme le maître Yin-Shun, quand il soutenait que tous les dharmas absolument sont vides sans la présence de tathagatagarbha. La théorie du maître Yin-Shun à propos des sutras Prajnapramamita, revient à dire qu’il n’existe pas de cause ni de conséquence. C'est une théorie comparable à celle dite, du lapin sans cornes. Sa théorie est identique à celle des nihilistes, à savoir, qu'il ne faut étudier que les noms. Son enseignement en effet n'est qu'une façade du véritable bouddhisme, puisque, dans sa théorie, la pratique du bouddhisme se réduit à l'étude d’une rhétorique du vide. »

L'idée principale du maître Yin-shun provenait de sa mauvaise interprétation de la théorie de la vacuité, de la théorie sans cause. Cette théorie est également connue sous le nom de « théorie du lapin sans cornes ». Elle a été mentionnée dans l'ancien sutra Lankavatara », où il est exposé, par exemple, pourquoi la tête de la vache a deux cornes. S'étant posé cette question, il est possible alors, lorsque l'on voit la tête d'un lapin, de penser que le lapin n’a pas de cornes, du fait que l'on s'aperçoit que la tête du lapin n'en possède pas. Autrement dit, l'idée du lapin sans cornes vient de l’idée que la vache a des cornes, sans quoi il ne nous viendrait jamais à l'esprit qu'un lapin en possède. De même, l'idée que tous les dharmas sont vides vient de l’analogie avec les dix-huit éléments qui existent vraiment. Si ces éléments n'existaient pas, l'idée même que tous les dharmas sont vides ne pourrait naître. Nous savons désormais que ces dix-huit éléments sont une illusion. Le lamaïsme tibétain fait erreur. On peut citer l'école Madhyamakaprasanghika (à laquelle se rattachent le Dalaï-lama, ainsi que le maître Yin-Shun et ses disciples), qui a affirmé que tous les dharmas étaient vides et que cela était la vraie sagesse. Certaines personnes défendent encore la théorie du lapin sans cornes, et c'est à leurs yeux la seule théorie qui soit authentique. Ils ne comprennent pas que la théorie du lapin sans cornes est un concept qui dépend par analogie d'un autre concept, celui en l’occurrence de la vache qui, elle, a effectivement deux cornes.

Si l'on se base sur les phénomènes qui se produisent au travers des cinq agrégats, des douze entrées et des dix-huit éléments, on peut dire qu'il n’existe pas de présence du moi ni rien de permanent qui puissent justifier que tous les dharmas sont vides. Cette idée est considérée comme la plus haute que l'on puisse concevoir. Tous les sages peuvent le confirmer et nul ne peut le nier. Cependant, dans l’enseignement du Bouddha, on reconnaît que c'est une idée fausse, que ce n’est pas du tout le chemin du milieu : le chemin du milieu est une réalité. Celui qui n'a pas encore atteint la sagesse des graines, s'il entend le maître Yin-Shun parler de cette théorie erratique du lapin sans cornes, n'aura pas le moyen de la réfuter. Il affirmera qu'il n'est inconnu de personne que le concept du lapin sans cornes est le plus haut qu'on puisse imaginer, que personne en ce monde ne peut soutenir le contraire. Même un arhat en est incapable. Cependant, ceux qui ont la sagesse des graines, tels que les bodhisattvas, peuvent tout à fait rejeter cette théorie. Ils sont tout simplement en mesure de démontrer que la théorie du lapin sans cornes est un concept qui ne correspond pas à la réalité. Les bodhisattvas peuvent avoir recours au sutra prajnaparamita pour montrer que le chemin du milieu de l’ecole Prasanghikamadhyamaka est une voie de garage, que c'est une voie basée sur le concept du lapin sans cornes, sur un dharma irréel. Ils peuvent citer des passages du sutra prajnaparamita : « le cœur sans préoccupations », « le cœur qui n'a pas de fonction mentale », « le cœur du bodhisattva», « le cœur vivant qui n'est en aucun endroit particulier », « le cœur sans aspect de mental », pour illustrer que le Bouddha s'est appuyé sur la réalité de ce cœur pour expliquer que dans les dix-huit éléments tous les dharmas sont vides, impermanents, sans présence, ni d'un moi, ni d'êtres quelconques. Le bodhisattva peut dire au maître Yin-Shun, au Dalaï-Lama et à d'autres encore : « Tous les dharmas sont vides et dépendent du monde des agrégats[65] », et que sans la présence de ce monde on ne peut pas affirmer que tous les dharmas sont vides. Ce monde des agrégats est une illusion, il n’est pas permanent. En conséquence, l'idée que tous les dharmas sont vides est aussi une illusion. Telle est la théorie du lapin sans corne, qui dépend de la théorie de la vache avec des cornes. Nous savons que la théorie de la vache avec des cornes est une théorie tout aussi inconsistante, impermanente. Tout comme l'est la théorie du lapin sans cornes. Cette théorie de la vacuité est étrangère à la réalité du tathagatagarbha.

Cette théorie est un dharma imaginaire, une parfaite illusion. Une théorie qui, ignorant la réalité de tathagatagarbha, soutient que tous les dharmas sont vides, qui défend l'idée qu'il n'y a pas de cause, qui est étrangère à la théorie du monde du dharma, ne tient pas la route. Ce n’est pas, quoi qu'il en soit, le vrai dharma, ni le véritable enseignement du Bouddha.

Un bodhisattva peut, en conséquence, bannir cette théorie sans fondement qui se prétend le plus haut concept pensé par les hérétiques, et montrer qu'elle n'est pas fiable.

Il y a trois ans, lorsque nous avons publié le livre, Le vrai Tathagatagarbha[66], nous en avons envoyé un exemplaire par la poste au maître Yin-Shun et ses disciples, accompagné du livre Commentaires sur le sutra Lankavatara[67]. Je n'ai jamais reçu de commentaires de leur part, ni de correction des erreurs, ils n'ont jamais proposé de débat équitable sur l'enseignement de Bouddha et n'ont formulé aucune critique. Certaines personnes m'ont insulté sur internet. Ils défendaient les maîtres que j'ai critiqués dans mon livre. Ils y disaient : « Ces maîtres sont très polis et calmes, leur cœur est grand. Ils vous ont simplement ignoré, car ils ont estimé qu'il était inutile de discuter. Alors ne soyez pas naïf et satisfait. » Pourtant, un maître comme Yin-Shun, qui aimait beaucoup les débats sur l’enseignement du Bouddha, a rencontré un homme qui répondait au nom de Zhong Qing-Ji, et qui avait écrit un article dans le journal du matin l'Indépendance Post, dans un numéro spécial. Il y avait fait publier un commentaire quelque peu ironique sur l'enseignement du maître Yin-Shun, et sept jours plus tard, le maître Yin-Shun et ses disciples avaient réfuté les allégations de Zhong Qing-Ji. Le septième jour, ils publièrent dans l'Independence Post, dans une colonne de ce journal dominical réservée à l'opinion publique, que les commentaires de Zhong Qing-Ji étaient différents de ce qu'on trouvait dans mes livres, qu’ils n’étaient pas aussi bien structurés. Ils répondirent tout de suite à Zhong Qing-Ji. La structure de mes remarques a permis de commenter clairement l’enseignement du maître Yin-Shun et d'indiquer où se trouvaient les erreurs dans sa méthode. Chaque point a été également publié officiellement dans différents livres et journaux. Cela fait maintenant trois ou quatre ans que je n'ai toujours pas reçu la moindre de leurs réactions. Au bout du compte, comme vous l’avez peut-être deviné, ils ont pris conscience que leur propre enseignement présentait des lacunes, qu'il s'y trouvait une erreur considérable. Mais ils ne savent pas comment la justifier, ni comment la résoudre.

Si, donc, vous voulez vraiment comprendre et développer la sagesse, vous devez d'abord trouver votre tathagatagarbha — cette vijnana à laquelle sont attachées les notions de nom et de forme, ce cœur qui a été cité dans le sutra prajnaparamita, ce cœur sans préoccupations, ce cœur qui n'a pas de fonction mentale, ce cœur sans activité mentale. Ce cœur ne renferme ni image ni pensée, et si vous ne comprenez pas la nature de ce cœur, vous ne comprendrez jamais ce qu'est la vraie sagesse.

Si la réalité de ce cœur ne se trouve pas dans le monde du dharma, le nirvana et le chemin de la libération de l'école du Theravada deviennent des théories semblables à celles des nihilistes, et la pratique et l'enseignement de l’école du Mahayana ne sont plus qu'une dérisoire étude rhétorique de la vacuité.

Tous les dharmas de ce monde sont devenus des dharmas sans cause. Et puisque tout est vide, le tathagatagarbha, qui contient les graines karmiques des vies passées (lesquelles conditionnent la réincarnation dans cette vie-ci), n'est plus nécessaire, puisqu'il n'y a plus de cause.

C’est vraiment dommage de voir la sagesse expliquée selon ce point de vue erroné. Si dans ce monde il n'y a plus de bodhisattva vivant (ou de véritables maîtres), tout le monde finira par adhérer à cette théorie qui ne tient pas la route. Mais s’il y a un bodhisattva dans ce monde, il va nécessairement rejeter cette absurde théorie sans cause, parce qu'elle est insoutenable. Ainsi, si vous voulez trouver la vraie sagesse, vous devez d'abord atteindre l'illumination, après quoi il ne sera plus nécessaire de vous expliquer le contenu du sutra prajnaparamita, car il vous sera très clair. Vous penserez alors : « Le Bouddha avait parlé très clairement de la sagesse, de la prajna dans ces sutras. Comment ai-je pu jusque-là ne pas les comprendre ? »

Grâce à l’illumination, on peut comprendre les sutras prajnaparamita, qui nous aideront à comprendre la réalité de ce monde, et peu à peu nous aurons la sagesse spécifique. Nous comprendrons ensuite progressivement la sagesse des graines. La sagesse des graines est tout entière présente dans ces huit vijnanas, qui contiennent tous les dharmas. On appelle également ces huit vijnanas, le roi de tous les dharmas[68]. Comment ces huit vijnanas interagissent-elles ? Quel en est le mécanisme ? Pour le savoir, nous devons étudier profondément chaque étape de l'étude de la sagesse. La description de cette étude de la sagesse est déjà incluse dans le mantra de notre association[69]. À partir de l’illumination, qui correspond à la septième étape de l'étude, vous étudiez la sagesse spécifique et plus tard la sagesse des graines. Vous progressez alors sur le chemin du bodhisttava, avant d'arriver au premier bhumi, puis au deuxieme bhumi, au troisième, au quatrième, au cinquième, etc... Aujourd'hui, nous avons imprimé le livre Mastery of School Tenets and Eloquence[70] ou bien, pour le nommer par son autre titre, The Way to Buddhahood. Dans ce livre, nous expliquons le vrai chemin pour devenir un bouddha. Le maître Yin-Shun a écrit un livre qu'il a intitulé également, The Way to Buddhahood, mais sa théorie est une théorie sans fondement de l'école tantrique Prasangikamadhyamika. Elle est basée sur la théorie du lapin sans cornes. Ce ne sont là que des points de vue erronés, des points de vue qui ne sont pas le véritable enseignement du Bouddha.

Il vous faut avoir une connaissance juste du véritable chemin de la libération et du chemin de la sagesse, et pratiquer avec sincérité dans cette compréhension très claire du contenu des différentes étapes de l’enseignement du Bouddha. Il vous est possible alors de réaliser que tous les dharmas sont liés les uns aux autres. Un proverbe taïwanais dit que, si vous avez compris une seule chose, vous avez tout compris. Cette idée correspond bien à la compréhension que vous devez avoir du chemin de la libération et de la sagesse, ainsi que du fruit que vous tirez de la pratique. C'est lorsque vous avez vraiment compris l'enseignement du Bouddha et que, par la suite, vous enseignez à d'autres personnes le chemin de la sagesse et le chemin de la libération, que vous suivez correctement l'enseignement du Bouddha qui permet de le propager. C'est ce qu'on appelle la véritable pluie du nectar.

Si quelqu'un veut vous conduire à Nankang (une ville de Taiwan), en Taoyuan, pour trouver le « Bouddha » vivant nommé Xiraogendeng et rechercher du nectar, vous pouvez désormais lui expliquer : « Le nectar que vous obtenez est le nectar de ce monde, et l'on m'a démontré, à l'association des pratiquants de la vraie illumination[71], ce qu'est la véritable pluie du nectar. » Son nectar est-il vraiment le dharma qui permet de quitter les mondes de la réincarnation? Cela n'a pas de sens pour moi de le manger. Et puis on ne le connaît pas. Peut-être était-ce de l’ancienne magie chinoise? L’inspection de l'Association magique n'a toujours pas vérifié la nature de leur nectar, afin de savoir s'il était magique ou non.

Nous savons aujourd'hui ce qu’est le nectar dans le monde du désir, et nous savons également ce qu'est le nectar dans les sectes. Vous avez une bonne connaissance de l'enseignement du Bouddha, et si quelqu'un veut inviter votre mari ou votre femme à étudier le lamaïsme, vous pouvez à présent lui expliquer ceci : « Non, il ne ne faut surtout pas y aller, car l'objet de leur étude n'est rien d'autre que celui du tantra de la sexualité. Par leur pratique ils incitent les disciples à manger les excréments du gourou, sans compter qu'il faut lui offrir de l'argent. À terme, vous perdrez tout à la fois : votre argent et votre virginité. Et pour couronner le tout, vous pourrez observer que les préceptes des bodhisattvas ne sont aucunement respectés. Mieux vaut donc vous abstenir de vous rendre chez les lamaïstes! »

Il y a une trentaine d'années, une femme gourou pratiquait le tantra guru aux États-Unis. Elle avait fondé plus d'une dizaine de temples. On m’a rapporté à ce sujet qu’elle avait été infectée par le sida en pratiquant le tantra (elle enseignait l'initiation secrète). À présent, elle ne peut plus propager son enseignement, car nul de ses disciples ne veut plus prendre le risque d'être infecté par le sida. Tous ses disciples ayant eu peur d'être contaminés, il a fallu moins d'une année pour que tous les temples soient fermés.

Nous savons que la dernière étape de la pratique tantrique est la plus déterminante : vous atteignez le niveau du Bouddha à travers un acte sexuel. Par conséquent, si les disciples ne peuvent plus pratiquer le tantra yoga à travers cet acte sexuel, ils n'ont plus de raison d'en poursuivre la pratique. Nous savons désormais que cette méthode ne correspond pas à l'enseignement du Bouddha, qu'elle ne peut guère aider les gens à atteindre le niveau de bouddha, qu'elle n'en respecte pas les préceptes et que, de surcroît, elle vous expose au risque d’attraper le sida. Ainsi, si une jolie femme est retenue par un gourou lamaïste, ou qu'un bel homme veuille étudier le lamaïsme, il doit être très vigilant, car il est probable qu'il soit sélectionné par le gourou pour pratiquer l'initiation secrète. Une fois que cette personne a pratiqué cette initiation, elle est exposée à la possibilité d'avoir été contaminée par le sida. Et quand on pense que la maladie peut être ramenée à la maison, et être transmise au mari ou à la femme, mieux vaut s'abstenir dès le départ de toute imprudence ! Ce serait vraiment un malheur dans la famille.

Il existe deux crises dans le bouddhisme aujourd'hui. La première est le lamaïsme, la seconde est relative à la compréhension erronée que prône l'école dite Prasaṅgikamadhyamika[72].

Concernant la première crise, l'erreur fondamentale du lamaïsme est d'avoir transformé l’enseignement du Bouddha en un enseignement hérétique éternaliste. Un hérétique se revendique pourtant du bouddhisme. La seconde crise tient dans le point de vue du maître Yin-Shun et du dalaï-lama, c'est-à-dire de l'école PrasaṅgikaMadhyamika, qui a déformé le sens véritable du bouddhisme avec la théorie d'un monde sans cause, et a ainsi mal interprété l’enseignement du Bouddha.

Le lamaïsme est donc à l'origine de ces deux crises. Nous pouvons en conclure que le lamaïsme est la cause de la destruction de l'enseignement du Bouddha.

Le maître Yin-Shun a reconnu lui-même, à l'âge de trente ans, qu'il avait été initié à la théorie de la vacuité de l'école Prasangikamadhyamaka, et qu'il l'avait acceptée. Cette école reprend la théorie du maître indien Candrakirti (les lamaïstes reconnaissent dans ce maître indien un bodhisattva, ce qui est vraiment déconcertant). Le maître Candrakirti a écrit un livre, Madhyamakavatara, dans lequel il nie de but en blanc l'existence de la septième et de la huitième vijnanas. Il y affirme qu'il n'y a que dix-sept éléments, et ne reconnaît pas la vijnana manas, c'est-à-dire la septième vijnana. Cette septième vijnana, qui est notre mental, n’est pas liée au corps physique. Certaines personnes soutiennent que le cerveau est la septième vijnana. Sans elle, on ne compte que dix-sept éléments, pourtant le Bouddha a dit que ce monde en était composé de dix-huit. Cette théorie ne peut donc pas être considérée comme la véritable théorie bouddhiste et comme le chemin du milieu ! Dans ce cas, il vaut mieux lui prêter un autre nom, celui en l'occurrence de « chemin du bord », parce que ses enseignements sont limités et restent prisonniers de concepts nihilistes erronés.

Plus tard, ce point de vue erroné est parvenu jusqu'au Tibet par l'intermédiaire du maître Atisha. Ce point de vue a été également très fortement appuyé par le fondateur de l'école des bonnets jaunes : Tsongkhapa a ainsi écrit des commentaires à propos du livre Madhyamakavatara et y a introduit beaucoup d’idées fausses, afin de contourner le vrai sens des sutras bouddhistes, mettant en valeur les points de vue déviants de l’école Prasangikamadhyamaka afin que les gens puissent adhérer à son enseignement et croire qu'il y est question du vrai bouddhisme. Dans son mémoire, Illumination of the True Thought, Extensive Explanation of (Candrakirti's) ‘Supplement to (Nagarjuna's) "Treatise on the Middle Way, il a contesté énergiquement l’existence de la septième et de la huitième vijnanas, et comme il n'a pu trouver cette huitième vijnana, il a craint que les gens ne découvrent qu’il n’avait pas atteint l'illumination, et que les autres pratiquants ne divulguent cette information. Il a donc imité le maître Candrakirti : il a démenti l'existence de la huitième vijnana. Le résultat, c'est que ses théories erratiques correspondent à celle du « lapin sans corne » : c’est une théorie qui défend l'idée d'une absence de cause et de conséquence. C’est vraiment regrettable qu'il ait nié ainsi l'essence du dharma. Il est devenu de ce fait un icchantika[73]. Au Tibet, il existe encore l'école rouge, blanche, noire, et de nombreux enseignants de ces différents écoles disent que les théories de l'école jaune sont des théories nihilistes. Mais comme autrefois, l'école jaune domine et contrôle toutes les forces politiques, mais, si les maîtres des autres branches, jadis, n'osaient pas dire ouvertement que l'école des bonnets jaunes est nihiliste, ils ne craignent plus à présent de l'affirmer ouvertement, parce que le pouvoir politique de l'école jaune a été expulsé du Tibet.

Je peux donc confirmer que le concept du maître Yin-Shun, présent dans ses écrits réunis sous le titre de Réunion Merveilleuse, a été fortement influencé par l'enseignement de l'école Prasangika Madhyamaka. Parmi ces livres se trouve Le commentaire de l'école Madhyamaka, dans la préface duquel le maître Yin-Shun réaffirme le point de vue de l’école Prasangikamadhyamaka, qui affirme que l’enseignement de cette école est la fierté du bouddhisme tibétain. Le maître Yin-Shun a expliqué le bouddhisme à partir de ce point de vue erroné, et l'a étudié plus de soixante ou soixante-dix années. Au final, il a fini par enseigner la théorie du nihilisme, c'est-à-dire une théorie d'un monde sans cause. Tout ceci est d'une grande tristesse.

Les deux principales causes de la crise actuelle sont cette théorie et la pratique de l’école Prasangikamadhyamaka, ainsi que la transformation de l'enseignement du Bouddha en théories hérétiques, qui consiste dans le fait d'adorer les esprits. Le coupable est donc finalement toujours le lamaïsme.

Maintenant, si nous revenons aux enseignements originaux de notre vénérable maître le Bouddha et que nous retournions au bouddhisme tel qu'il se présentait à l'origine, nous serons en mesure de transformer les mauvaises interprétations du lamaïsme, parce que ses points de vue erronés ont pénétré dans les différentes écoles du bouddhisme ésotérique, et se sont mélangés et enracinés dans ses différentes branches. À l'heure actuelle, beaucoup de gens ne reconnaissent que la théorie lamaïste et pensent qu’il s’agit là du bouddhisme authentique. Ils appuient fortement les idées du lamaïsme et son point de vue erroné. Il est donc nécessaire de faire un grand nettoyage, sans quoi le bouddhisme sera de nouveau détruit comme cela s'est déjà produit en Inde. On dit souvent que, plus vite le lamaïsme se développera, plus vite le bouddhisme sera détruit. Mais si l’on montre les erreurs et qu'on les explique, on pourra alors éliminer ces méconnaissances. Si l'on revient à l’enseignement du Bouddha tel qu’il l’a enseigné, alors les gens pourront réellement pratiquer et bénéficier des fruits des chemins de la libération et de la sagesse. Ce sera la renaissance du bouddhisme.

Il ne tient qu’à nous de faire renaître le bouddhisme originel. Il nous faut réaliser cette renaissance étape par étape. Nul ne peut accomplir cette tâche à notre place, car dans la situation actuelle, il n’y a que nous qui ayons la capacité de faire ce genre de travail. Nous savons où se situent les erreurs importantes qui jalonnent l'enseignement du lamaïsme Prasangikamadhyamaka, enous connaissons l'adoration des esprits qui transforme le bouddhisme en éternalisme.

Le concept de l'école Madhyamaka Svatantrika est celui des éternalistes hérétiques qui croient dans l’éternité de l’esprit et dans les dieux et fantômes. Ils sont éternalistes car leurs concepts sont fondés sur la théorie de l’éternalisme, et ont intégré au bouddhisme une collection d'étranges rituels hérétiques d’adoration des esprits.

La théorie de l'école de Prasangikamadhyamaka n'est rien d'autre que le concept de nihilisme, c’est-à-dire la théorie du lapin sans cornes, la théorie d'un monde sans cause. Aujourd'hui, il n’y a que nous qui soyons conscients des erreurs que renferme l’enseignement lamaïste, et nous seuls pouvons les corriger. Aujourd'hui, nous savons que nous avons la capacité de faire renaître le bouddhisme. Et si nous ne le faisons pas, il nous faut demander pardon à notre vénérable Bouddha.

La pratique lamaïste a beaucoup de défauts, parmi lesquels celui, considérable, d'avoir collecté des méthodes étranges héritées des hérétiques, et de les avoir affectées du nom de bouddhisme. Ces méthodes sont devenues les spécificités mêmes du lamaïsme. Les lamaïstes disent ensuite que ces méthodes sont la pratique suprême dans les écoles bouddhistes, et ils méprisent les autres écoles bouddhistes ésotériques, celles qui ne proposent pas de ces méthodes pour atteindre le niveau du Bouddha en une seule vie. Ces gens sont comparables à des charlatans, des marabouts ou des guérisseurs qui se moqueraient de la connaissance du vrai médecin, et qui affirmeraient que le vrai médecin ne sait pas guérir les gens parce qu'il ne détient pas la connaissance qui le permet. On peut observer la même situation chez les lamaïstes : ils sont extrêmement fiers de leurs méthodes hérétiques, parce qu'ils en ignorent les défauts. Ils méprisent les vraies méthodes des bodhisattvas, en soutenant qu'elles ne correspondent pas à la pratique suprême du bouddhisme.

En Inde, cette situation s’est déjà produite à la fin de la période de l’école Mahayana, qui a été progressivement remplacée par des écoles tantriques. Du bouddhisme Mahayana il ne reste que l’apparence. Même avant les actes militaires de l'Islam, le contenu de l'enseignement du Mahayana avait déjà été remplacé par celui des hérétiques. La disparition de la dynastie Pala a conduit à la disparition du bouddhisme en Inde ; en réalité pourtant, la façade seule du bouddhisme a été détruite. L'enseignement du Bouddha avait été déjà remplacé par l'enseignement des hérétiques, durant les deux siècles qui précédèrent la fin de la dynastie Pala. Il a été déjà détruit par les pratiquants du tantrisme, qui l'a remplacé. Pourtant le tantrisme n'est vraiment pas le bouddhisme. Pour autant la plupart des chercheurs historiens académiques ne connaissent pas la vérité, et pensent que les invasions musulmanes furent la cause principale de la disparition du bouddhisme en Inde.

Les rituels accomplis pour récupérer les nectars ont également été incorporés dans le bouddhisme par les maîtres tantriques. Ces derniers y ont encore intégré la pratique d'un tantra hindouiste nommé shaktisme, et ont déclaré ensuite que les prières (ou mantras) et les rituels faits aux dieux protecteurs étaient les méthodes les plus élevées pour permettre aux gens d'atteindre très rapidement le niveau de bouddha. Plus tard ils ont promu leur dieu protecteur, qui était Vajradhara, en le baptisant « Bouddha Vajradhara », c’est-à-dire que leur dieu protecteur avait pris la place du Bouddha. Mais dans les faits, ce « bouddha » Vajradhara ne reste qu'un dieu protecteur. Plus tard, ils ont utilisé le nom d’un autre bouddha, Mahavairocana (ce bouddha a été cité dans le sutra Avatamsaka). Le tantrisme dit que ses méthodes viennent du bouddha Mahavairocana. Ils ont créé un faux sutra, mahavairocana tantra. Ils ont également diffusé ce sutra et ont imaginé de faux discours, en disant que le Bouddha Sakyamuni était bel et bien l'auteur de ce sutra mahavairocana. Certains pratiquants ne savent plus distinguer le vrai du faux, car ils manquent d'une véritable connaissance pour séparer la bonne herbe de l'ivraie. Ils ont ajouté ce sutra Mahavairocana Tantra au Tripitaka[74]. C’est pour cette raison que les pratiques hindouistes, les pratiques hérétiques, et que les pratiquants du tantra, de l’initiation secrète, ont des rapports sexuels et des points de vues erronés qu'ils ont intégré au bouddhisme officiel. C’est une grande honte pour le bouddhisme, et c’est très regrettable pour les bouddhistes.

Le dernier morceau de la Terre pure à présent, c’est Taïwan. Du point de vue du dharma du monde, Taïwan n'a certes pas beaucoup de ressources, mais les gens étaient d'une très grande valeur, parce que le peuple taïwanais était très travailleur et courageux. Je ne veux pas parler de ces dernières années, mais lorsque le peuple taïwanais était encore travailleur et courageux, on qualifiait Taïwan d'île précieuse, d’où le nom Formosa, « île au trésor ». Bien que le comportement des gens désormais ne soit plus comme autrefois, nous pouvons continuer de dire que Taïwan est une formosa, un trésor, parce que le vrai bouddhisme y existe toujours, le vrai dharma du Bouddha y existe toujours, et ce qui permet aux gens de pratiquer le chemin de la libération, leur permet aussi de pratiquer le chemin de la sagesse. C'est pour tout cela que l'on peut continuer de dire que Taïwan est une île au trésor.

En Inde, les tantristes ont récupéré de différents hérétiques de nombreuses méthodes curieuses, pour ensuite fortifier leur communauté et cultiver leur réputation. Puis en utilisant ces méthodes hérétiques, ils ont repris à leur compte les ressources bouddhistes. Ils ont ouvertement utilisé ces ressources pour orienter différemment l'enseignement du Bouddha, et rendre le bouddhisme hérétique. Le tantrisme a remplacé le bouddhisme. C'est ainsi que le bouddhisme a été supprimé en Inde. Dans notre vie passée dans le sud de l'Inde, nous avons voulu vivre paisiblement avec les tantristes. Nous n'avons donc jamais neutralisé le faux dharma, nous avons seulement montré le vrai. Mais le bouddhisme a fini malheureusement par s'éteindre parce que les gens n'ont pas eu accès à la vraie nature du tantrisme. Par la suite, au Tibet, nous avons montré publiquement ce qu'est le vrai dharma, mais nous n'avons pas pour autant condamné publiquement le faux dharma tantrique. Nous ne l'avons fait qu'« en privé ». Cependant les lamaïstes, principalement de l'école Sakya et de l'école Gelupa, n’ont pas toléré notre présence. Le cinquième dalaï-lama a utilisé son pouvoir politique et, avec l’aide des écoles Sakya et Dabu, il nous a détruit. Malgré tous les efforts que nous avons fournis, nous n’avons toujours pas réussi à éliminer le karma collectif du peuple tibétain.

Aujourd'hui, nous propageons le bouddhisme dans Taïwan, et comme dans les vies passées, nous y retrouvons la tantrisme. Mais aujourd'hui, la situation est différente. À Taïwan, les bouddhistes ont un niveau d'évolution plus élevé et ils ont plus de connaissances. L'information est de surcroît plus facilement accessible. Les maîtres tantriques n’arrivent plus à tromper les gens. C'est le moment adéquat pour promouvoir le vrai dharma. Nous devons saisir cette occasion pour propager rapidement les enseignements authentiques du Bouddha, les mettre en libre circulation. Il nous faut profiter de cette opportunité.

Aujourd'hui, nous avons la chance de connaître le vrai chemin de la libération et le vrai chemin de la sagesse, et nous pouvons pratiquer comme il convient et obtenir des fruits de notre pratique. Nous devons comprendre cette bonté du Bouddha, nous devons montrer de la gratitude à l'endroit du Bouddha, parce que les trois trésors bouddhistes nous ont laissé ce magnifique dharma et ces suprêmes méthodes, afin que nous puissions réussir dans ces deux chemins principaux. Nous avons compris la raison pour laquelle cette bonté est immense, et c'est pourquoi nous devons le remercier. Maintenant, si nous voulons savoir comment remercier le Bouddha, il faut en comprendre la bonté, et pour cela, il nous faut trouver notre véritable moi et atteindre l'illumination.

J'ai posé cette question à plusieurs collègues de notre association: « Si vous aviez le choix entre avoir dix millions de dollars et trouver votre véritable moi (c'est à-dire atteindre l'illumination, mais sans voir encore la nature du Bouddha), quel serait votre choix ? Bien entendu, je crois volontiers que vous choisiriez tous l'illumination, et pour ma part je ferais la même chose. Pourtant, en dehors de notre association, je suis à peu près certain que quatre-vingt à quatre-vingt dix pour cent des gens opteraient pour les dix millions de dollars. Ils se poseraient sûrement la question : « Comment puis-je être sûr que votre illumination est authentique ? ». Ils se diraient finalement : « Même si j'ai atteint l'illumination, je dois encore vivre cette misérable existence, et je m'y refuse, en sorte que je préfère avoir dix millions de dollars. » Il est vrai que dix millions de dollars, soit deux milliards de dollars taïwanais, représentent une somme particulièrement attrayante!

Maintenant, je vous le dis : vous ne pourrez emporter avec vous, dans votre vie future, ces dix millions de dollars, vous pourrez seulement les laisser à vos enfants. Mais, peut-être avez-vous eu une dette à l’égard de vos enfants dans une vie antérieure, si bien que ces dix millions de dollars leur seront utiles et vous permettront de la payer. Si vous pensez de cette manière, vous ne serez plus du tout satisfaits. Par contre, si dans cette vie vous parvenez à atteindre l’illumination, vous y accéderez d’autant plus facilement dans votre vie future, que vous aurez eu le mérite de l’avoir atteinte dans la vie précédente. Vous pouvez avancer dans votre pratique très rapidement à partir de votre acquis spirituel. Votre pratique d'une vie à une autre sera ainsi plus efficace. Ce choix est bien plus merveilleux, n'est-ce pas ?

Lorsque vous serez illuminés, vous comprendrez la bonté du Bouddha. Il est impossible sinon d'appréhender la nature de cette bonté et des trois trésors. Vous serez capables alors de comprendre que, si jamais l'enseignement du Bouddha et ses méthodes n'ont pas été transmis, il est presque impossible d'atteindre l'illumination. Cela reviendrait à vouloir monter au ciel avec nos deux jambes : c’est impossible. Mais lorsque vous avez atteint l'illumination, vérifié et compris les sutras, vous vous dites en vous-mêmes : « Le Bouddha a déjà tout expliqué très clairement dans les sutras. Si nous ne sommes pas illuminés, c’est parce que nous n’avons pas en nous la sagesse. » Et puis vous vous dites également : « Il n’est pas loisible de parler clairement de l'illumination. C’est pourquoi le Bouddha a établi une infinité de méthodes. Il a donné des conférences pendant quarante-neuf années, donnant toutes sortes de cours, pour que les gens pratiquent et accèdent à la huitième vijnana. » Parler de la huitième vijnana de manière trop directe peut nuire aux gens, ce qui justifie qu’il nous soit difficile de l’expliquer !

Lorsque vous arrivez à l'illumination, vous comprenez combien le travail de notre maître le Bouddha a été difficile. Sachez que la bonté du Bouddha est énorme, et que l'illumination vous aidera à en comprendre toute la portée. C’est pourquoi nous montrons notre gratitude à notre cher maître le Bouddha.

Cependant, il est toujours très difficile de remercier le Bouddha. Il existe bien des gens qui, devant une image du Bouddha, sont prêts à faire ce qu’on appelle les « dix promesses sans fin ». Chaque promesse est infinie. Mais devant une situation réellement dangereuse, ou qui leur demande de travailler très dur, ils n'osent pas s'y confronter, et oublient ce faisant ce qu'ils avaient promis. Le Bouddha a dit que les promesses des hommes sont comme le sable du Gange: comme il y a beaucoup de sable dans le Gange, il y a beaucoup de gens qui formulent des promesses, mais peu qui osent travailler dur pour respecter leur engagement. Ceux qui y parviennent sont aussi nombreux que le sable qu’on peut retenir sous les ongles de la main. Les gens qui souhaitent réaliser les dix infinies promesses, ne pensent pas à l'avance à la manière dont ils doivent remercier le Bouddha, ni à tout ce qu’ils doivent faire pour réaliser ces promesses. Ils pensent surtout aux nombreux bénéfices qu'ils peuvent obtenir de ces promesses. Ainsi, quand ils récitent à genoux les dix interminables promesses devant une image du Bouddha, ils sont généralement très sincères, mais sitôt qu'ils rencontrent des situations difficiles, ils n'osent plus y faire face. Par conséquent, la gratitude qu’on peut réellement donner au Bouddha est une chose vraiment très difficile, car alors nous nous heurtons à des obstacles majeurs. De ces obstacles le principal est la théorie des hérétiques, dont nous devons nous libérer en clarifiant la vraie nature du chemin du dharma.

Si nous ne mettons pas un terme à la théorie des hérétiques et que nous ne montrions pas le véritable enseignement du Bouddha, la même histoire se répètera pour le bouddhisme, que celle qui s'est déroulée en Inde à la fin de la période mahayana. L'histoire se répètera une fois encore ; le vrai bouddhisme se verra détruit entre les mains des partisans du tantrisme. Les pratiquants de l'école du mahayana ésotérique n’ont pas eu le courage de faire face à cette situation, et ils continuent de laisser aller les choses, sans corriger les théories erronées des hérétiques. Ils continuent de faire preuve de tolérance, ou plus grave encore, de les soutenir. Les lamaïstes continueront alors de mépriser les écoles du mahayana ésotérique tant qu'on ne contrecarrera pas leur message, et continueront de fortifier leurs hérésies. L'issue en sera la même qu'autrefois : les lamaïstes supprimeront les véritables enseignements du Bouddha en appliquant à leurs méthodes erronées les vérités transmises par les écoles du mahayana. Le Bouddhisme alors disparaîtra. Ils exploiteront les ressources du bouddhisme en utilisant leurs anciennes méthodes, puis ils isoleront le mahayana ésotérique. Le bouddhisme sera transformé en tantrisme. Ceci fait, l'essence du vrai bouddhisme disparaîtra. Si cela se reproduit une fois encore, ce qui est arrivé jadis en Inde se reproduira : le bouddhisme est devenu tantrique, et si nous ne faisons rien, la même histoire recommencera à Taïwan et en Chine continentale. Si nous n'intervenons pas immédiatement pour endiguer cette situation, on ne sait pas si, à l'avenir, nous aurons encore l'occasion de le faire. Il ne faut pas, quoi qu'il en soit, manquer l'occasion dès aujourd'hui de réagir.

Nous devons travailler avec toutes nos capacités pour rendre compte du vrai dharma. Si des opportunités se présentent à nous de le faire, et que nous ne le fassions pas, il nous faudra demander un grand pardon à notre maître le Bouddha et aux trois trésors bouddhistes. Nous devons réfléchir très sérieusement à cette question.

Tous les historiens bouddhistes sont au fait de la situation et confirment l’idée très répandue que le vrai bouddhisme est détruit lorsque le lamaïsme tibétain se développe de plus en plus. Mais ils n'en ont vu que les apparences, ils n'ont aucune connaissance réelle sur le sujet. Ils ignorent la vérité sur ce qui s'est réellement passé. La cause principale est que l’enseignement tantrique a de plus en plus dévié, qu'il a transformé l'enseignement du Bouddha. Cette transformation a détruit le bouddhisme, car l'enseignement tantrique est un mélange des théories hérétiques éternalistes et de la théorie d'un monde sans cause. Leur pratique est basée sur les pratiques sexuelles relatives au shaktisme. Ils ont affirmé que cette pratique permettait d’arriver au niveau du Bouddha en une seule vie. C'est là l'essence et le principe de leur pratique, et comme la plupart des chercheurs bouddhistes ne comprennent pas l’enseignement, ils ne peuvent étudier que les apparences de cet état de fait. Aujourd'hui, on montre aux gens les erreurs du tantrisme, afin qu'ils puissent en avoir une perception juste. J'espère alors qu'ils ne commettront plus la même erreur dans le chemin de la pratique et qu'ils ne consacreront plus, ni leur argent ni leur temps, à l'enseignement tantrique.

Quand vous réalisez l'illumination, vous comprenez enfin la bonté du Bouddha, et vous êtes également capable de remercier le Bouddha. Lorsque la pratique est plus avancée, la sagesse grandit chaque jour, et vous comprenez de plus en plus la bonté du Bouddha. Vous savez finalement comment le remercier. Lorsque vous avancerez en sagesse, vous comprendrez également que le Bouddha a déjà expliqué, dans les sutras de la première à la troisième route du dharma, toutes les étapes de la pratique et la façon d'atteindre son état. Tout y est expliqué, il n'y manque rien. Vous comprendrez combien le Bouddha est miséricordieux. Ne pensez-vous pas qu'il faille le remercier ? Bien entendu qu'il le faut, et les remerciements nécessaires que nous pouvons faire, consistent à exclure les théories et les pratiques hérétiques de l'enseignement du Bouddha, et à retourner au dharma bouddhiste originel.

Une fois purifiée la compréhension de l'enseignement du Bouddha, nous pouvons concentrer nos efforts afin de propager la suprême connaissance du chemin de la sagesse. Ce faisant, peut-être alors l'enseignement du Bouddha pourra-t-il durer plus longtemps, deux-cents ans, quatre-cents ans, cinq-cents ans. Dans notre prochaine vie même nous pourrons poursuivre ce travail : détruire les pensées érronées et montrer ce qu'est le vrai enseignement du Bouddha. Ce véritable enseignement peut bien durer jusqu'à l'arrivée dans ce monde du boddhisattva Candra-prabha. Si on ne réalise pas ce travail, eh bien... regardez comment le tantra s'est développé, et regardez quelle est la situation dominante dans les écoles bouddhistes à Taïwan : elles cultivent, à quatre-vingt dix pour cent le concept de l'école Prasangikamadhyamika propagé par le maître Yin-Shun. Au regard de la gravité de la situation actuelle, l'avenir du bouddhisme est plutôt sombre. La plupart des élèves des écoles bouddhistes qui sont près d'être moines, ont déjà des préjugés, et s'ils ont ces idées fausses, il leur sera à l'avenir plus difficile d'accepter le vrai dharma. Nous savons que si personne ne leur explique et ne leur montre le vrai dharma, ce sera pour eux plus difficile de jour en jour, en sorte qu'ils prendront le faux par le vrai. Le danger est de tomber dans le même traquenard que celui où est tombé le Tibet. Tout le monde y a pris connaissance du mauvais enseignement tantrique, et l'a pris pour le bouddhisme authentique. Au final, le bouddhisme a terminé aux mains du tantrisme.

Par conséquent, si nous tenons à remercier le Bouddha, nous devons promouvoir le vrai chemin de la libération et le chemin de la sagesse (Bodhi). Nous devons aussi dénoncer les faux enseignements qui contaminent le bouddhisme, pour que les gens soient en mesure de savoir ce qu’est le vrai bouddhisme. Ils seront capables alors de distinguer le vrai chemin de la mauvaise voie. L'enseignement bouddhiste pourra continuer alors à vivre de la meilleure manière qui soit, c'est-à-dire en étant propagé, ce qui est la plus belle façon de remercier la bonté de notre vénérable maître le Bouddha. Si nous agissons de la sorte, le vrai dharma ne sera plus confondu avec la théorie des hérétiques, il ne sera plus détruit comme il l'est peu à peu aujourd'hui. C'est la meilleure façon pour nous de témoigner de notre gratitude envers le Bouddha. C'est sur ce travail de propagation que nous devons nous concentrer.

C'est ici que s'achève la conférence sur « la douce pluie du nectar ». Le temps qui nous reste va vous permettre à présent de poser vos questions, auxquelles je répondrai immédiatement. Vous pouvez poser toutes sortes de questions, elles sont les bienvenues. Je vous en apporterai bien évidemment la réponse si je la connais, si je l'ignore, eh bien... je vais vous dire : si je ne connais pas la réponse maintenant, il se peut qu'un jour le Bouddha me la donne. Je rédigerai alors cette réponse dans un livre à venir sur le bouddhisme, ou bien, tout simplement, je l'expliquerai en supplément de mes cours. S'il vous plaît, vous pouvez maintenant commencer à poser vos questions!

[1]Les malentendus sur la nature du vrai moi et l'attachement à l'ego.
[2]La vision confuse au niveau du monde de désir et au sujet de la nature du vrai moi et des trois jades*, tel qu'en parle l'enseignement du Bouddha
[3] La sagesse générale est atteinte au moment de l’illumination . Toute personne illuminée possède donc au moins cette sagesse générale.
[4] Cette sagesse se caractérise ainsi : la personne est capable de saisir les caractéristiques spécifiques de chaque objet et ses relations avec les autres différents objets.
[5] C’est la sagesse qui permet d’observer les causes (comme les graines) et les conséquences (comme les fruits).
[6]En défaisant un nœud, le pratiquant défait les deux autres.
[7]Le corps perceptible par la méditation, et qui correspond au corps astral dans la tradition hindouiste.
[8]A ce stade, l'arhat peut cesser de se réincarner.
[9] métaphore qui se traduit par l’idée que l’arhat tue les soucis des trois mondes que sont les voleurs.
[10] un grand arhat demeure en cohérence avec les règles établies par le Bouddha.
[11] Métaphore signifiant que le praticien a confiance dans sa pratique aussi sûrement que le diamant est dur et qu'il ne peut être cassé.
[12]Les six paramitas (ou perfections) dont il a été question plus haut sont les paramitas de base. A mesure que l'on évolue sur le chemin, d'autres paramitas sont à travailler.
[13]Métaphore liée aux enseignements bouddhistes qui signifie : une pluie douce qui nourrit agréablement les êtres sensibles.
[14]Nectar ; en sanskrit : Amrita, en tibétain : bdud-Rtsi, en Chinois: Gan-Lu.
[15]En sanskrit : kama-loka. Les dieux du monde du désir sont des êtres qui possèdent certains pouvoirs ; ils sont invisibles à nos yeux et vivent plus longtemps et généralement mieux que les êtres humains.
[16]Tsongkhapa (1357-1419) était le maître le plus important du lamaïsme tibétain. Il est né près d'Amdo, au Tibet, et a fondé la tradition Gelugpa, dite aussi « Tradition du bonnet jaune »).
[17]Nectar qui permet d'atteindre au cœur de bodhi.
[18]Ville du district de Taoyuan, Taiwan.
[19]Au lieu des dix-huit éléments, on n'en a plus que douze.
[20]Il existe dans le monde du désir six « cieux » (Caturmaharajakayikas, Trayastriṃśa, Yaamaah, Tuṣita, Nirmāṇarati, Parinirmita-vaśavartin), eux-mêmes divisés entre plusieurs cieux.
[21]Titre honorifique désignant une personne parmi les plus précieuses du monde. « Rinpoché » signifie « précieux ».
[22]Comme de la nourriture, des vêtements, des lits ou des médicaments.
[23]Voir explications plus loin dans ce livre.
[24]En sanskrit : mudra ; en tibétain : phyag-rgya.
[25]Appelé daka.
[26]Appelée vidyarāja ou tara.
[27]C'est-à-dire un gourou de sexe féminin.
[28]
[29]Yoga chinois dont la base est un travail sur la respiration et l'énergie.
[30]« Point de lumière ». Les lamaïstes affirment que l'on devient illuminé dès lors que l'on trouve ce point de lumière.
[31]« Vajra » signifie « diamant ». Gourou dans la tradition tibétaine.
[32]Le corps physique.
[33]Le corps physique.
[34]S’appelle parfois aussi Kāmamudrā , littéralement, yoga tantrique le plus élevé »: yoga tantrique fondé sur la relation sexuelle.
[35]En sanskrit : sama-utpatti ou sahaja
[36]On peut parler à ce sujet d'orgasme.
[37]En sanscrit : Samyak-Sambouddha
[38]Maître Xiao, Zen : avant et après l'illumination, éd. Zhen-Zi, Taipei, 1997
[39]L'illumination.
[40]Une tradition chinoise veut que les cendres du membre d'une famille soient placées dans une tour. La famille pense qu'alors le défunt va rester en paix.
[41]Cette conférence a déjà été publiée en un livre en Janvier 2001.
[42] Il existe deux types d'arhat: l'arhat Sravaka et l’arhat Praetyka- Bouddha.
Le premier atteint la sagesse qui consiste à comprendre les Quatre Nobles Vérités de l’enseignement du Bouddha, tandis que le second n'atteint la sagesse que par l'observation des lois de la nature.
Voici les Quatre Nobles Vérités :
Dukkha : La première noble vérité. Dukkha signifie imbu de souffrances : la naissance est une souffrance, la vieillesse est une souffrance, la maladie est une souffrance, la mort est une souffrance, être uni à ce que l'on n'aime pas est une souffrance, être séparé de ce que l'on aime est une souffrance.
Samudaya : La deuxième noble vérité décrit l'origine ou l'apparition du dukkha (Dukkhasamudaya-ariyasacca). Les souffrances existent parce qu'il y a des causes qui entraînent leur apparition. Donc il est nécessaire de les connaître.
Nirodha : La troisième noble vérité concerne la cessation ou l'« extinction » des souffrances. Ces souffrances sont réelles et elles ne cessent de nous tourmenter.
Par conséquent, nous sommes obligés de nous interroger sur les origines de ces souffrances. Une fois que les origines sont connues, on agit sur les causes pour les éradiquer, jusqu'à atteindre la « libération finale »
La quatrième noble vérité est celle du chemin (marga) menant à la cessation des souffrances. Ce chemin est le « noble sentier octuple » : vision correcte, pensée correcte, parole correcte, action correcte, profession correcte, effort correct, attention correcte et contemplation correcte. Par la pratique simultanée des huit composantes du chemin (sans en omettre aucune), les bouddhistes pratiquants atteignent progressivement au terme du chemin.
[43]Janvier 2011
[44]Il faut entendre par ce mot chacun des corps de l'homme : corps physique, corps de la conscience mentale, corps de l'ego.
[45]Samadhi au cours duquel l'ego ne réagit plus. C'est le fruit d'une vraie connaissance de l'ego.
[46]Un terme ou un nom renvoie toujours à quelque chose : quand une personne voit une image, ou entend un son, l’esprit, pour se rappeler la perception de cette image ou de ce son, elle est obligée de l’associer à un nom, un mot. Quand vous entendez ou lisez ce mot, l'image ou le bruit apparaîtront immédiatement dans votre esprit. Cette association n'est pas matérielle, elle n’est qu’une fonctionnalité de l'esprit.
[47]La substance (色), la forme, existe matériellement dans l’espace, et elle a généralement une couleur, une forme, un goût, un parfum, etc.
[48]Polychlorobiphényles ou biphényles polychlorés.
[49]Méthode appelée aussi « méthode de la terre pure ».
[50]Dans la cosmologie bouddhiste, on dit que, la Terre Pure étant partout, le Bouddha Amitabha enseignerait à l'ouest.
[51]État de concentration par lequel le pratiquant se libère de toutes les sensations relatives à la douleur et au plaisir.
[52] Nirodhasamapatti : état de profonde concentration dans lequel les activités de la conscience mentale sont complètement éteintes.
[53]Voir « Sceaux » dans le lexique.
[54]Dans le monde sans forme.
[55]Le maître illuminé ou arhat
[56]Cela signifie, dans le Theravada, que le pratiquant a achevé d'étudier ce qu'il fallait.
[57]Un voleur cache son trésor. De même les 6 vijnanas objectales sont comme 6 voleurs qui cachent le trésor qu'est tathagatagarbha.
[58]L'ego
[59]Dans le sens qu'on ne peut reconnaître l'existence de la huitième vijnana qu'à travers ses manifestations, comme on ne peut reconnaître l'existence de l'électricité qu'à travers ses manifestations (lumière électrique...).
[60]Grand disciple du Bouddha.
[61]Cette idée est extrêmement présente dans les sutras bouddhistes.
[62]Tathagatagarbha, qui est l'ultime réalité, n'est pas vacuité : la vacuité est seulement sa nature.
[63]Le chemin du milieu n'a ni commencement, ni fin ; n'est ni impermanent, ni durable, ne présente ni égalité, ni différence, n'est ni présent, ni absent. Ce sont là les huit négations se rapportant au chemin du milieu.
[64]Cf note 63.
[65]Qui comprend les cinq agrégats, les douze entrées et les dix-huit éléments. Je ne peux comprendre le vide que si le monde des agrégats existe pour me le rendre perceptible. Par analogie, je ne peux percevoir le vide d'un verre que parce que les contours du verre me le rendent perceptible.
[66]Pings Xio, The Real Tathagatagarbha, Taïpei, éd. Zhen Zhi, 2000
[67]Pings Xio, Commentaires sur le sutra Lankavatara, Taïpei, éd. Zhen Zhi, éd. en dix tomes.
[68]Il y a ici une ambiguité de traduction : soit on parle des huit vijnanas, dans la mesure où la huitième vijnana, sans les sept autres, ne peut rien faire (ce qui explique le choix de notre traduction), soit on considère que ce roi de tous les les dharmas est la huitième vijnana seulement, et que tous les dharmas sont les sept autres vijnanas.
[69]Le mantra à traduire
[70]Pings Xiao, Mastery of School Tenets and Eloquence, True Wisdom Publishing Co., 2000
[71]Buddhist True Enlightenment Practitioners Association (BTEPA)
[72]L'école des bonnets jaunes, l'école la plus répandue du bouddhisme tibétain, qui tient le pouvoir politique.
[73]Mot sanscrit : individu de peu de bonté et incapable d'étudier correctement la dharma.
[74]Recueil de sutras du bouddhisme Theravâda.

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